Va et Poste une sentinelle, un sequel dérangeant

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Va et Poste un sentinelle d’Harper Lee, en anglais Go Set a watchman, est sorti en langue anglaise cet été et est attendu en France le 7 octobre. Attendu par qui demandez-vous ? Mais par tout le monde, malheureux.

En 1960 parait To Kill a Mocking Bird, Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur en français, un roman écrit par une femme, Harper Lee. En 1961, le roman reçoit le prix Pulitzer, il s’écoule à des milles millions de milliards d’exemplaires et s’installe pour toujours dans les cartables et les bibliographies des étudiants d’Amérique et du monde.

Ecrit avant le plus que fameux To Kill a mocking bird, Go set a watchman ou Va et poste une sentinelle en est en fait une suite, comme quoi George Lucas n’avait rien inventé. Cette suite précédente raconte la visite de Scout Finch, narratrice de To Kill a mocking bird, désormais âgée de vingt six ans, à son vieux père Atticus, icône historique de l’Amérique progressiste, anti ségregation et forte, surtout. Malheureusement pour les fans -qui ne l’est pas ?-, le vieil Atticus se révèlerait bien moins séduisant et admirable qu’il ne l’est dans la pensée commune depuis près de cinquante ans. On le chuchote raciste et intolérant, Atticus avouerait même s’être rendu à des réunions du Klu Klux Klan, groupuscule malheureux que l’on ne présente plus.

go set a watchman atticus finch

La légende voulait que Gregory Peck après avoir endossé le rôle principal dans le film Du Silence et des ombres, adaptation du fameux roman réalisée par Robert Mulligan, se plaignait de n’être plus appelé qu’Atticus dans la rue quand les gens le reconnaissaient, malgré des rôles multiples et autrement plus impressionnants tels qu’Achab dans Moby Dick de John Huston ou Lewt Mc Canless dans Duel au Soleil de King Vidor. Cet exemple montre bien à quel point Atticus Finch avait atteint un statut d’intouchable de la fiction, statut que la sortie de Va et poste une sentinelle ne manque pas d’écorner. Les lecteurs anglophones ou anglophiles déjà se divisent pour savoir si ce roman enterre définitivement ce rempart contre la barbarie white trash ou si la qualité de l’écrit, discutable selon certains, n’appelle pas à ignorer le phénomène. Le vacarme est d’autant plus grand que, jusqu’à la sortie de Go set a watchman, To kill a mocking bird restait un chef d’oeuvre unique dans le CV d’Harper Lee, qui en un seul livre, avait réussi l’exploit que son grand ami Truman Capote n’allait jamais atteindre en d’innombrables et brillants ouvrages. Au public français de décider que faire de Va et poste un sentinelle d’ici quelques semaines, rendez-vous le 7 octobre dans toute et n’importe quelle librairie.