Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

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Aujourd’hui Just Focus a décidé de vous faire découvrir un classique de la littérature américaine, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, d’Harper Lee. 

Petite précision, c’est une femme qui a écrit ce roman, et son nom complet est Nelle Harper Lee. Elle a volontairement réduit son pseudonyme pour être facilement assimilée à un homme. Si ce titre vous parle, c’est sans doute parce que Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est considéré aujourd’hui comme l’un des chefs d’oeuvres de la littérature américaine du XXe siècle. Publié à Philadelphie en 1960 sous le titre original To Kill a Mockingbird, il rafle le Prix Pulitzer l’année suivante.

ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

À propos du livre

La grande richesse, l’humour et la narration généreuse de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur en font un succès instantané. Vendu à 500 000 exemplaires l’année même de sa sortie, le roman est adapté au cinéma par Robert Mulligan en 1962. Le film, Du Silence et des ombres, vaut à Gregory Peck un Oscar pour son interprétation d’Atticus (cf: la photo qui illustre l’article). Quant au livre, il est désormais étudié dans les collèges et lycées américains, traduit dans quarante langues, et vendu aujourd’hui à 40 millions d’exemplaires. La traduction française l’intitule d’abord Quand meurt le rossignol, au Livre contemporain, en 1961, puis Alouette, je te plumerai, chez Julliard, en 1989 avant de choisir le titre Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur depuis 2005 et sa reparution chez de Fallois. 

« À Maycomb, on voyait une dame dans la lune. Assise à une coiffeuse, elle se peignait les cheveux. »

Une narratrice attachante

Scout est la narratrice, une petite fille de huit ans aussi vive que débrouillarde. Elle s’appelle en réalité Jean Louise mais déteste son prénom et tous ceux qui l’appellent ainsi. Son récit nous transporte en Alabama dans les années 1930, pendant la Grande Dépression. Maycomb est alors une « petite » ville rurale et ségrégationniste, durement frappée par la récession. Selon Scout, Maycomb n’est qu’un petit village du Sud profond « où les jours ont vingt-quatre heures mais semblent tellement plus longs » et où « personne ne se presse parce qu’il n’y a nulle part où aller ».
Scout est très admirative de son grand frère Jem, qu’elle suivrait au bout du monde, dans n’importe quel jeu pourvu que ce soit le fruit de leur imagination. Ils vivent avec leur père, Atticus Finch, un avocat taciturne et respecté à Maycomb. Leur mère est morte quand Scout avait deux ans et la seule figure féminine de la maison est la cuisinière noire, Calpurnia, qui fait office d’autorité pour ces jeunes enfants. Avec leur ami Dill, qui passe ses étés chez une voisine, Scout et Jem s’inventent des aventures extraordinaires. Très rapidement, Dill et Scout ressentent l’un pour l’autre des sentiments bien plus forts que de l’amitié.

« Avec lui, la vie était banale, sans lui, elle devenait insupportable. J’en eus le cafard pendant deux jours. »

À noter: le personnage de Dill est directement inspiré de l’ami d’enfance de Nelle Harper Lee, qui n’est autre qu’un certain… Truman Capote ! 

L’histoire d’une injustice

C’est l’intervention d’Atticus dans un procès qui enflamme la population de Maycomb qui va bouleverser leur insouciance. Replacé dans le contexte de sa sortie (les années 1960 et la lutte pour les droits civiques), le combat d’Atticus pour défendre Tom Robinson, un Noir injustement accusé d’agression sur une Blanche, est un message de justice et de tolérance qui explique la portée politique du livre à sa sortie. Nous ne pouvons que vous recommander la lecture de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, ne serait-ce que pour le récit du procès, qui vous tiendra en haleine jusqu’au verdict. Surtout, ce procès et ses répercussions confrontent Scout, Jem et Dill à l’injuste réalité du monde des adultes. Un monde où l’hypocrisie est la meilleure alliée de la mauvaise foi. Car avec le temps, beaucoup se laissent gagner par les préjugés de leur caste, de leur sexe ou de leur race, renonçant ainsi à agir ou à penser librement.

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur 

C’est un proverbe américain qui dit que « Tuer un oiseau moqueur est un péché ». C’est son père qui met en garde Scout à Noël, alors qu’elle reçoit comme cadeau une carabine. Ce sera d’ailleurs la seule fois de sa vie que Scout entendra son père qualifier quelque chose de « péché » Les oiseaux moqueurs, ces petits passereaux, si répandus dans le Sud des États-Unis, n’ont d’autre vocation que de nous charmer par leur chant. Tuer un oiseau moqueur – comme s’en prendre à un enfant ou condamner un innocent – c’est nier la beauté, saccager l’espoir et étouffer l’étincelle d’enfance qui subsiste en chacun de nous. Tuer un oiseau moqueur, c’est retirer la grâce de ce monde.