La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole

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Aujourd’hui nous vous présentons un texte très original qui a le mérite d’avoir su faire parler de lui. Publié en janvier 1980 par les presses de l’Université d’État de Louisiane, à Bâton-Rouge, ce roman humoristique intitulé en VO « A Confederacy of Dunces » fait directement référence à une citation de Jonathan Swift, d’ailleurs mise en épigraphe :

 

«  Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui. »

 

la conjuration

L’histoire d’une publication extraordinaire

C’est précisément suite à l’impossibilité de faire publier son livre, rejeté par l’ensemble des éditeurs américains, que l’auteur, John Kennedy Toole sombre dans une dépression intense. Épuisé, il se suicide en 1969 à l’âge de 31 ans. Sa mère retrouve ce manuscrit dans ses affaires et tombe en admiration devant ce qu’elle considère comme un chef d’œuvre. Mais elle se retrouve confrontée au même souci que son défunt fils, et à force d’acharnement, elle persuade l’écrivain Walker Percy de lire le texte. Il réussit finalement à faire publier le livre en 1980, soit 11 ans après la mort de l’auteur.

C’est d’ailleurs Walker Percy lui-même qui se charge de la préface de l’ouvrage. Il y explique comme le manuscrit a cheminé jusqu’à lui et l’histoire tragique de son auteur. L’année qui suit la publication, le succès est au rendez-vous.

« Le plus drôle dans cette histoire, pour peu qu’on goûte l’humour noir, c’est qu’aussitôt publié, le roman a connu un immense succès aux Etats-Unis et s’est vu couronné en 1981 par le prestigieux prix Pulitzer. Une façon pour les Américains de démentir à retardement le pied de nez posthume que leur adressait l’écrivain …»

 

Une référence moderne

La traduction française est publiée par Robert Laffont en 1981. Vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires et traduit en 18 langues, le roman est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands classiques de la « littérature du Sud » (des Etats-Unis) et comme l’une des œuvres les plus importantes de la littérature humoristique américaine. Le vocabulaire est riche et pédant, souvent proche de l’argot par une profondeur suave et populaire. Il dépeint avec humour la réalité de l’Amérique désenchantée des années 1960. Malheureusement, toute tentative d’adaptation (cinéma, théâtre) s’est soldée par un échec total, comme si l’œuvre était frappée par une malédiction enclenchée par le suicide de son auteur.

 

La Conjuration des imbéciles

Dans tout ça, on aurait presque oublié de vous résumer sommairement le livre !
Le héro, Ignatius J. Reilly est un étudiant en littérature qui déteste et dédaigne l’époque dans laquelle il évolue. Très souvent comparé à un Don Quichotte moderne, il se démarque par un caractère idéaliste et une intelligence qui frise le génie paranoïaque. Ainsi, on fait souvent le rapprochement entre ce personnage improbable et le Dude des frères Cohen, dans The Big Lebowski. À contre-courant de tout et de tout le monde, Ignatius se situe alors à l’opposé du rêve américain. Obligé par un concours de circonstances à chercher du travail, il ira de catastrophe en catastrophe, rencontrant une multitude de personnages tous plus cinglés les uns que les autres, créant sans cesse sur son passage des situations aussi saugrenues qu’inextricables. Alors, on vous a convaincu?