Test de Battlefield Hardline

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Jouer aux gendarmes et aux voleurs, n’est ce pas le plus vieux jeu du monde? Qui n’y a pas joué dans la cour de l’école, ayant déjà choisi son camp, petit rebelle hors-la-loi ou bien grand défenseur de la justice? Ce genre semble retrouver grâce aux yeux des développeurs actuels avec entre autres les braquages de GTA V, la sortie future de Rainbow six siège ou encore la référence en la matière: Payday. Les petits gars de Visceral Games se sont donc tout naturellement laissés prendre au jeu pour la nouvelle itération de la série Battlefield. D’abord série exclusivement online, Battlefield s’est ensuite affublé d’une campagne solo, assez inégale et souvent critiquée au fil des années. Alors, en prenant le parti du civil plutôt que du militaire, de la guérilla urbaine plutôt que de la guerre, Battlefield Hardline marque-t-il un nouveau départ, une étape ou un égarement?

Premier contact

Le premier contact avec Battlefield Hardline est pour le moins douloureux et se laisse désirer. En effet, une fois la galette introduite dans la console, l’installation du jeu est une des plus longues que l’on ait vue sur PS4 (comptez environ une heure). Si 6% de l’installation suffisent à jouer au prologue qui dure une petite dizaine de minutes, il faudra attendre d’avoir complété 70% de l’installation pour accéder à l’épisode 1. D’ailleurs, le terme « épisode » n’est pas choisi par hasard, car Battlefield Hardline est tourné à la manière d’une série TV US. Chaque début d’épisode est marqué d’un résumé et du célèbre « précédemment dans Hardline ». Si c’est n’est pas mal trouvé et plutôt distrayant les premières fois, on ne peut pas en dire autant des séquences diffusées lorsque vous quittez le jeu. En effet, lorsque vous arrêtez de jouer, vous aurez le droit à un « prochainement dans Hardline » vous spoilant allègrement la suite, au mieux les environnements, au pire le scénario.

hardline de nuit

La claque Next gen’ 

Vous vous attendiez à prendre une baffe avec Battlefield Hardline? Vous l’aurez… car vous vous l’infligerez pour être sûr de ne pas rêver. On voit clairement que Viscéral Games ne maîtrise pas le moteur Frosbite 3 aussi bien que leurs petits camarades de chez DICE. Même si le jeu n’est globalement pas moche, il est bien en dessous de ce que proposent des jeux comme Call of Duty: Advanced Warfare ou bien Dying Light pour ne parler que de jeux multisupports. De même, là où Battlefield 4 nous bluffait avec ses effets de particules, ses jeux de lumière et autres, Hardline peine à nous fournir une lampe tactique crédible et des éclairages corrects. On se consolera en se disant qu’au moins, c’est fluide… en solo. Car oui, en multijoueur, sur des parties à plus de 40 personnes, le jeu souffre de chutes de framerate assez handicapantes et régulières. Hardline souffrirait-il du syndrome de développement multi-génération?

hardline June

Les experts Miami

Bon, ok, Battlefield Hardline souffre de soucis techniques, mais nous ne sommes pas de ceux qui s’arrêtent à l’enveloppe. Quid du scénario? Comme nous l’évoquions, Hardline est tourné à la mode d’une série US, écriture du scénario comprise. Nous suivrons donc l’évolution de l’inspecteur Nicholas MENDOZA, alias Nick, sur plusieurs années. Et cela commence plutôt mal pour lui car la scène d’intro du prologue nous plonge à l’intérieur d’un bus de transfert de prisonniers dont nous faisons partie. On apprend très vite que Nick est soupçonné d’être un flic ripoux avant qu’un flashback nous ramène trois ans en arrière pour l’une des premières missions de notre héros dans la police de Miami. Ce prologue plutôt rythmé et bien mis en scène nous annonce une campagne nerveuse et explosive. Cependant, même si la campagne est intéressante, sur fond de trahison, re-trahison et re-re-trahison, on ne rentre jamais vraiment dans l’histoire, la faute à une narration trop découpée. En effet chaque épisode s’installe sur un faux rythme, un schéma action/pause qui se répète trois fois et n’aide pas vraiment à l’immersion. Cela mis de côté, on retrouvera tous les clichés de séries policières US, le flic latino, la chinoise experte en arts martiaux, le flic blanc véreux etc…L’intérêt de cette campagne se situe dans l’évolution du personnage de Nick, et là, le moins qu’on puisse dire c’est que cette partie est bien gérée par Visceral Games. En effet, la psychologie de notre héros subit une véritable évolution au fur et à mesure du scénario, modelée par des événements que nous passerons sous silence, la mentalité de Nick glisse et évolue sans même que l’on s’en rende compte, de manière fluide et naturelle. A tel point que les actions de notre inspecteur nous paraissent normales au bout de 5 heures de jeu alors qu’en y repensant, cela semblait impossible 3 chapitres plus tôt. Well done gentlemen.

Le gameplay et la bande son

Au niveau de la bande son, on pourra dire que c’est quelque chose de globalement maîtrisé. On remarquera parfois ici ou là un léger décalage dans la synchronisation labiale, mais dans l’ensemble, rien de dérangeant. Les bruits d’armes sont toujours de qualité et les musiques bien choisies pour coller au thème tantôt du gangsta, tantôt du policier. Passons maintenant au gameplay. S’il y a bien un domaine dans lequel on retrouve l’esprit Battlefield, c’est dans la jouabilité. Celle de Hardline ne révolutionne rien et reprend celle de ses prédécesseurs qui a fait ses preuves, classique mais efficace. La conduite des véhicules a été légèrement retouchée afin d’être un peu moins lourde et plus accessible, les deux roues mis à part. Les nouveautés de gameplay apportées par cet affrontement gendarmes voleurs sont un scanner et la plaque de police, deux éléments centraux de cet opus. En effet, l’inspecteur Mendoza dispose d’un téléphone scanner, permettant de marquer les ennemis, interroger le fichier central pour identifier des sujets recherchés mais aussi mettre en lumière des indices d’enquêtes. Cela va nous permettre de faire un aparté sur les « collectibles » de cet opus. Il vous faudra arrêter les suspects sous le coup de mandats, et trouver des preuves pour compléter des dossiers en cours. Si cela paraît cohérent avec le thème, la recherche de ces derniers avec le scanner rend la chose ridiculement facile. En effet, non content de vibrer lorsque vous passez à portée d’un indice, si vous sortez le scanner, celui-ci vous indique dans quelle direction et à quelle distance se trouve le prochain. Combinez cela avec une difficulté de jeu ridiculement aisée, et vous obtiendrez une campagne faisable avec le téléphone à la main. Cela a évidemment un impact sur la rejouabilité, quasi inexistante à moins d’être chasseur de trophée/succès, auquel cas vous serez obligé de refaire le mode solo car la difficulté Hardline ne se débloque qu’après avoir fini le mode vétéran. L’autre nouveauté de gameplay qui, à première vue amène de la diversité, est la plaque de police. En effet, vous avez la possibilité de sortir votre plaque devant des malfrats pour les arrêter. Vous pouvez ainsi passer les menottes à vos adversaires, jusqu’à 3 ennemis en même temps. Si dans la théorie, cela amène plusieurs approches de la mission, plutôt furtive à ne pas vous faire voir, arrêter tout le monde ou encore foncer dans le tas, cette possibilité vous permet au final de passer des groupes d’ennemis sans encombre de manière ridiculement facile. (sérieusement, 3 mecs au fusil à pompe lâchent leur armes devant un flic au colt 45?)

hardline arrestation

Durée de vie et multijoueurs

Cela nous amène donc à parler de la durée de vie du soft. Comptez environ 7h pour finir la campagne principale en difficulté vétéran. C’est dans la lignée de ce qui se fait pour le genre et, comme dit plus haut si l’on n’arrive pas à rentrer complètement dans l’histoire, on ne s’ennuie pas pour autant. A ce temps de jeu, il faudra ajouter le temps passé sur le multi, en fonction de l’affinité de chacun. Les fans de Battlefield ne seront pas dépaysés par les mode de jeux habituels, allant de la petite conquête à la grande, en passant par le match à mort par équipes. Ces modes étant des classiques, pas besoin de s’étendre dessus. Parlons donc des modes de jeux spécifiques à cet opus: Les modes braquage, argent sale, poursuite infernale, sauvetage et contrat. La différence avec les modes classiques est que ces modes requièrent un réel teamplay. En poursuite infernale, les braqueurs doivent dérober une série de véhicules que les forces de l’ordre doivent protéger. En braquage, les malfaiteurs doivent dérober le butin et l’emmener au point d’évacuation pendant que la police les bloque. Dans le mode Argent sale, vous devez remplir votre stock à partir d’un tas de billets au centre de la map… ou du stock adverse. En mode contrat, un VIP doit échapper à ses assaillants suréquipés. Enfin, en sauvetage, vous incarnez un agent du SWAT chargé de sauver un otage. Si ces modes de jeu apportent un vent frais sur le multi de BF Hardline, ils ont l’inconvénient d’être basé sur l’esprit d’équipe, la coopération et la coordination. Vous vous doutez donc que sans une escouade d’amis, ces modes de jeux se limitent souvent à du « foncer et tuer » ce que fait allègrement la communauté, quand elle ne déserte pas purement et simplement certains modes de jeux.

hardline pare brise

Conclusion

Avec ce nouvel opus de la série des Battlefield, les petits gars de Visceral Games ont tenté d’insuffler une nouvelle jeunesse à la série en surfant sur la mode du gendarme et du voleur.Si l’on appréciera l’effort fait de se renouveler, ainsi que les bonnes idées apportées à la campagne, on regrettera la facilité et le manque de challenge que cela engendre. De même, si sur le papier Hardline nous propose du neuf plutôt alléchant en multi, on déplorera que dans les faits, ces nouveaux modes ne soient pas mieux gérés (avec par exemple bonus d’objectif etc). Au final, il faudra prendre ce Battlefield pour ce qu’il est, un essai de renouveau, plutôt distrayant, mais pas fabuleux.