Rétrospective consacrée à l’impertinent Joël Séria à la Cinémathèque française

0
430

Réalisateur à la filmographie détonante, Joël Séria constitue une figure marginale et culte du cinéma français. Auteur du sulfureux Mais ne nous délivrez pas du mal, il n’a eu de cesse de jouer sur la frontière ténue entre l’excès et le réalisme. Très peu porté sur les institutions (il égratignera le Clergé avec autant de malice et de défiance qu’il refusera de se rendre aux Césars après le succès des Galettes de Pont-Aven), c’est avec une certaine ironie qu’il sera à l’honneur à la Cinémathèque française du 27 juin au 2 juillet ; l’occasion de (re)découvrir des personnages haut en couleur, à l’image du réalisateur.

Mais ne nous délivrez pas du mal de Joël Séria
Carine Goupil et Jeanne Wagener dans Mais ne nous délivrez pas du mal

 

Souvent comparé à Bertrand Blier du fait du caractère burlesque et extrême de ses personnages, Séria possède pourtant moins un goût pour la théâtralité que pour le réel. Témoin précis d’une libération des mœurs, celle des années 70, ses films transpirent l’amour, le sexe mais aussi une forme d’innocence provocante et de sensibilité poétique. Cette impertinence, on la retrouve chez les jeunes filles de Mais ne nous délivrez pas du mal mais aussi chez les tirades Marielle (l’un de ses plus fidèles collaborateur avec sa femme Jeanne Goupil). On pense à ses célébrations contemplatives des postérieurs féminins. Mais ne vous y trompez pas. La femme est admirée et mise sur un piédestal chez Séria. L’homme y est remis à sa place et diminué, les institutions égratignées et la bêtise humaine désapprouvée. 

Les Galettes du Pont-Aven de Joël Séria
Jeanne Goupil et Jean-Pierre Marielle, amateur de cul(s) dans Les Galettes du Pont-Aven

 

Souvent réduit à un cinéma grivois, la rétrospective organisée par la Cinémathèque est l’occasion de corriger la perception commune. De son propre aveu, Séria se dit « abandonné du cinéma » et on le croit volontiers vu l’idéologie libertaire qu’il incarne. Et c’est bien pour ça que ses films résistent malgré tout au temps qui passe.