Premier Contact : la claque de l’année !

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En quelques films Denis Villeneuve est devenu un réalisateur incontournable de ce début du XIXème siècle. Dans le domaine du thriller avec le sombre Prisonners ou dans un contexte géopolitique tendu avec Incendies et Sicario, Villeuneuve a su séduire et est même apparu comme un véritable génie du 7ème art. Avec Premier Contact le cinéaste passe un cap puisqu’il s’agit de sa première incursion dans le monde de la science-fiction. Porté par Amy Adams, Jeremy Renner et Forest Whitaker, le long métrage raconte la première rencontre entre des humains et une intelligence extraterrestre.

Bienvenu chez les extraterrestres :

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Comme l’ont démontrés Kubrick, Nolan ou Ridley Scott, la science-fiction est d’abord un vecteur politique, un miroir de notre société et de notre conscience. Villeneuve, brillant scénariste, n’est évidemment pas passé à côté de son long métrage. Porté par une esthétique renversante, une réalisation dantesque magnifiée par une photographie somptueuse, un sens du dosage proche de la perfection et un rythme lancinant (qui rappelle parfois la pâte de Terrence Malick), Premier Contact est un retour aux sources parfaitement exécuté de la science-fiction. A la manière de Rencontres du Troisième Type, Denis Villeneuve signe un film qui parvient à prendre son temps en passionnant son spectateur grâce à une ambiance sensorielle puissante. Le spectateur parvient à entrer au plus profond du long métrage grâce à une immersion parfaitement contrôlée et des acteurs investis, qui parviennent à transmettre une palette subtile d’émotions.

Premier Contact a un rapport universel à la science-fiction, un rapport que la majorité des films n’arrivent pas à atteindre. Villeneuve parvient à entrer dans l’imaginaire collectif pour créer une espèce extraterrestre crédible, que ce soit dans leur design ou dans leurs motivations. Pas de combats, pas de destruction ! La confrontation est usuelle, orale, ancrée dans la communication. Villeneuve joue avec nos sens, nous oblige à aller au-delà de nos propres perceptions, de notre propre conception de la situation. Dès l’entrée dans le vaisseaux extraterrestre, l’auditoire sait qu’il est entre de bonnes mains : un plan fédérateur qui joue sur les ombres et les lumières, la notion de haut et de bas disparaît, pour une apparition spectaculaire, comme une réponse aux émotions du personnage principal incarné par Amy Adams. Ce premier contact se fait dans le calme, dans l’émerveillement, dans l’écoute de nos sens. Dans ce film centré sur le langage, l’écoute et la communication, Villeneuve parvient parfaitement à assimiler ces notions pour les incorporer dans ces interactions du troisième type.

Une fable moderne brillamment écrite :

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Premier Contact est une réponse à une des grandes questions de l’humanité : Comment vivre tous en harmonie ? Il faudra peut-être attendre l’arrivée d’une espèce extraterrestre pour que les hommes s’entendent définitivement sur ce point. Denis Villeneuve place ces vies étrangères comme des gardiennes de nos existences, des observatrices capables de discerner le bien du mal. Le cinéaste parvient à donner un véritable réalisme aux situations fictionnelles qu’il met en scène. Grâce à une étude du langage, de la compréhension de l’autre, et par la communication (orale et écrite), il donne un véritable sens aux tribulations qu’il présente. Il donne une légitimité forte à un relationnel naissant et pourtant peut être illusoire. Premier Contact est un miroir de notre fonctionnement d’être humain. Le rapport à l’enfance et au sens de la vie est clair. Le personnage principale porté par Amy Adams doit oublier tout ce qu’elle conçoit, tout ce qu’elle a pu imaginer des extraterrestres pour repartir de rien ; apprendre d’une base nulle comme un enfant qui découvre le monde. A travers des flash-back qui s’avéreront êtres bien plus que cela, Villeneuve offre un retour à l’enfance touchant, une découverte du monde par le prisme insouciant et innocent de l’enfance. L’aspect psychologique de ce personnage n’est pas délaissé, il est même traité avec énormément d’assiduité, comme étant la clé de la réponse au film.

Le twist final est inattendu, absolument inédit et fédérateur, une claque rare et puissante qui retourne le long métrage, retourne nos impressions, nos idées de la trame et de l’intrigue. Villeneuve surprend, nous manipule, exprime des idées extrêmement riches sur l’état géopolitique actuel de notre monde, affirmant que le rien est tout, et que le tout est rien. Malgré quelques rares facilités de ci et de là, le long métrage frôle la perfection, mélangeant une science-fiction universelle et une intimité personnelle. Premier Contact est également une étude mélancolique du temps qui passe, un émerveillement visuel et sensoriel issu de l’excitation provoquée par ce premier contact. Il est également un message positif pour affronter la linéarité douloureuse de l’existence d’un être humain, message expliqué par dix dernières minutes qui pourraient être directement sorties de The Tree of Life. On pourrait vous en parler des heures sans jamais réellement discerner l’essence même du long métrage, mais une chose est sûre, Premier Contact est certainement le meilleur film de l’année.

Premier Contact est une ode à la communication, à l’écoute et à l’unité, un film subtil et fédérateur de science-fiction moderne. Et lorsque l’on sait que le Denis Villeneuve est à la tête de la suite de Blade Runner, on est quelque peu rassuré avec Premier Contact.