Passengers de Morten Tyldum : critique d’une épopée spatiale relativement fade

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Réalisé par Morten Tyldum, à l’origine du récent Imitation Game, Passengers est une épopée spatiale, portée par Chris Pratt (Les Gardiens de la Galaxie) et par Jennifer Lawrence (Joy), s’inscrivant dans la continuité des films spatiaux qui commencent à pulluler au fil des ans. 

 

Un isolement qui manque d’immersion

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Passengers n’atteint jamais la qualité de Interstellar, de Gravity ou même de Seul sur Mars, à cause de l’axe que choisit de prendre le cinéaste. Le long-métrage se réduit à une simple romance qui apparaît certes dans un contexte différent : l’espace. Une belle idée qui ne décolle jamais vraiment. Le concept de Passengers est sa force mais également sa propre limite. L’idée de mettre en scène une romance spatiale idyllique et surtout solitaire est bien trouvée, et surtout bien amenée. La première partie du long-métrage présente le personnage de Chris Pratt, mécanicien, réveillé trop tôt de sa stase par un dysfonctionnement technique et condamné à errer seul dans les couloirs de son vaisseau jusqu’à ce que mort s’en suive. Pas top comme programme. C’est dans ces premiers instants que Morten Tyldum trouve ses meilleures inspirations. Le cinéaste va présenter l’évolution d’un personnage condamné à l’isolement, montrer les différentes étapes par lesquelles son psychisme va évoluer, de la peur, à la volonté, au renoncement, jusqu’à l’acceptation de sa condition. Chris Pratt suffit à porter le film, et Morten Tyldum trouve quelques activités divertissantes pour faire passer le temps du personnage, mais aussi celui du spectateur. Jennifer Lawrence va faire son apparition, dans des conditions que nous ne spoilerons pas, mais on trouve en cette introduction de personnage la meilleure idée du film, soulevant de nombreux principes moraux et questions existentielles. S’en suit alors une romance fraîche et agréable mais qui se cantonne uniquement à cette identité, une romance classique de plus qui cherche sa légitimité dans un décor innovant. Passengers passe donc à côté de son véritable potentiel, oublie de parler des questions qu’il apporte, la solitude n’est pas assez prononcée, les questionnements internes qui viennent à l’esprit du protagoniste sont trop vite effacés et l’immersion manque de puissance.

 

Une seconde partie complètement décevante

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Malheureusement, plus Passengers avance, plus celui-ci tombe dans les travers classiques des blockbusters. Le scénario perd en crédibilité et en logique, enchaînant des situations maladroites, les facilités scénaristiques et les mauvaises idées pour faire avancer le récit. Morten Tyldum s’est enfermé dans sa propre histoire, ne sachant plus comment en sortir, comment conclure, les invraisemblances vont et viennent au secours du dénouement. Par un manque cruel de finesse et la mise en place de scènes complètement abusives, Passengers perd son capital de sympathie et l’ambiance qu’il apporte dans la première partie. Morten Tyldum conclut son long-métrage à grand coup d’effets spéciaux et d’explosions sans savoir réellement la direction qu’il prend pour atteindre le classique happy end du genre. De plus, Passengers ne parvient pas à se démarquer par sa technique. Malgré un visuel esthétiquement appréciable, le réalisateur offre une mise en scène très académique et des personnages relativement fades, qui ne sortent pas du tout venant hollywoodien.

Passengers est donc un divertissement agréable, mais sans réelle saveur, qui évite les chemins compliqués, pour se contenter du strict minimum.