Festival des Arcs 2017 – « Sonate pour Roos » de Boudewijn Koole : un film lent et gracieux

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Alors que le Festival de Cinéma Européen des Arcs a plié bagage depuis plus d’une semaine, retour sur l’un des films en compétition qui a obtenu le Prix 2017 Cineuropa. Sonate pour Roos, du réalisateur hollandais Boudewijn Koole, a de quoi rendre perplexe tant son rythme est contemplatif. Mais au final, l’œuvre fait mouche dans sa recherche de beauté et de sens. La critique de la rédaction !

Sonate pour Roos : film singulier sur les rapports filiaux

Cinq ans après Little Bird, son premier long-métrage, le réalisateur hollandais Boudewijn Koole s’aventure cette fois-ci sur les chemins compliqués des relations entre une mère et sa fille. Le réalisateur ne s’en cache pas : il s’est largement inspiré des relations houleuses que ses deux sœurs ont longtemps entretenu avec leur mère.

Le synopsis ? Comme chaque année, Roos, (Rifka Lodeizen), une photographe, se rend chez sa mère, Louise (Elsie de Brauw), et son demi-frère adolescent, Bengt (Marcus Hanssen), qui vivent en Norvège. Mais cette fois, la jeune femme de trente ans arrive avec une nouvelle bouleversante. Si les relations avec Bengt sont en général au beau fixe, celles avec Louise sont, depuis toujours, plus compliquées. Une tension permanente et diffuse semble habiter leurs échanges. Il va falloir que Roos trouve les ressources pour annoncer cette nouvelle à sa famille.

index 3 Festival des Arcs 2017 - "Sonate pour Roos" de Boudewijn Koole : un film lent et gracieux

C’est au cœur d’un endroit immobilisé par la neige et la glace, que le cadre prend place. Tout y semble ouaté : les sons, les atmosphères, les échanges, les dialogues et même les sentiments. En particulier ceux de la mère à l’égard de sa fille : Louise apparait distante, froide et insensible au mal-être et aux demandes de Roos. Grande pianiste, enseignant maintenant aux enfants du coin, Louise se réfugie souvent dans ses notes et ses mélodies quand les situations deviennent trop dures à assumer émotionnellement.

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Roos et Louise, les deux protagonistes, se résistent et s’opposent dans leur souffrance, leurs rancœurs et leurs incompréhensions. Elles ne cessent de se croiser et de se heurter aux difficultés pour se rejoindre. Leur ballet, sonore et silencieux, est fait de regards, de courts dialogues, de sons, et de notes de musique éparpillées. Il mêle amour et haine filiale avec un tragique presque bergmanien…

 Et c’est d’une manière contemplative, distancée, grave, poétique, accompagné de froideur, et d’une grâce subtile que le cinéaste hollandais choisit de raconter cette histoire. Mais pour y rentrer, il faut s’accrocher. Car c’est peu dire que Sonate pour Roos est singulier. L’œuvre a le goût du clivage tant elle peut laisser perplexe un spectateur et en ravir un autre…. Mais lorsque l’on y est, Sonate pour Roos dévoile de belles pépites. Comme ces instants figés où l’écran laisse la place aux clichés de la jeune photographe : détails et gros plans sur des éléments de la nature ou du quotidien que la simple caméra aurait balayé en deux secondes. Ode à la nature, à la blancheur, au silence, à la disparition, à la liberté et au choix, Sonate pour Roos est avant tout un film qui se permet la lenteur pour narrer et se déployer délicatement en puissance.

Un œuvre qui prend son temps

C’est avec une lenteur exacerbée et une éloge du statique que le réalisateur choisit de dérouler cette histoire délicate et sensible. Tout dans le film semble s’étirer. Le rythme évidemment, mais aussi la musique, cristalline et éparpillée, et évidemment l’annonce de la fille, autour de laquelle la narration et l’œuvre se placent en orbite.

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Passé l’étonnement face à ce rythme atypique, on découvre un film mélodieux et grave, comme une sonate de piano où pointe la tragédie de la vie, la complexité des relations familiales et l’inéluctable choix. Dans Sonate for Roos, affleure en toile de fond une beauté naturelle, brute et délicate à la fois. Une attention toute particulière est donnée à la nature. Une nature figée par la neige, à l’instar de la relation mère-fille ankylosée par les rancœurs, les tensions et les difficultés de communication. L’histoire tinte d’une résonance, en somme, toute universelle. La réussite du film tient dans cette retranscription juste de la complexité des relations familiales, sans qu’il en nie pour autant leur importance et leur richesse.

Sonate pour Roos ne se laisse pas apprivoiser aisément. Certains passeront à côté de l’œuvre par impatience ou perplexité. Si on a quelques réserves –  des longueurs et des dialogues où l’on a parfois du mal à entrer -, le film, original et peu vu au cinéma, saura conquérir les adeptes d’un septième art différent, loin des sentiers battus. Rendez-vous le 18 avril 2018 pour vous faire votre propre opinion !

La bande-annonce de Sonate pour Roos :