Critique « 7 años » (Netflix) : une confrontation haletante pour éviter la prison

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Une salle. 5 personnages. Une situation délicate. Il faut un scénario bien maitrisé pour maintenir l’attention du spectateur avec si peu. Et c’est un pari réussi pour « 7 años », le premier film espagnol produit par Netflix.

Imaginez. Quatre associés se retrouvent au pied du mur. Ensemble, ils doivent prendre une décision des plus difficiles. Menacés par le fisc pour détournement de fonds et non déclaration de comptes en Suisse, ils risquent tous la prison. Cela signerait l’arrêt de mort de la société dans laquelle ils ont investi des milliers d’heures de travail, sacrifiant leur temps libre pour la réussite de celle-ci. Et personne n’a envie d’aller croupir à l’ombre pendant 7 ans…Cependant, une alternative à la prison s’offre à eux. Choisir un seul coupable. Si un seul d’entre eux se rend à la justice, les trois autres resteront libres.
La peine est de 7 ans de prison.

 

Comment choisir qui va passer derrière les barreaux ? Comment décider de la manière la plus juste possible ?

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Une médiation tendue

Les 4 associés font appel à un médiateur chargé de conduire les dialogues. Bien qu’ils reconnaissent tous être coupables, le noyau que formait ses 4 associés se brise peu à peu. Chacun réalise qu’il va devoir défendre sa propre liberté et désigner qui ils veulent voir se sacrifier pour les autres. Tous les arguments sont bons pour attaquer ses collaborateurs et expliquer que sa situation personnelle n’est pas compatible avec la détention : l’un a un enfant, l’autre est un élément clé de l’entreprise. Tous les coups sont permis quand il s’agit d’éviter de passer 7 longues années entre quatre murs.

Les acteurs excellent dans l’incarnation de leur personnage. Dès les premières minutes, le spectateur est happé dans le débat. Il reste enfermé dans la pièce avec eux jusqu’au dénouement. Parmi eux, on retrouve Juan Pablo Raba, un acteur que le public français a pu découvrir dans la série Narcos. La mise en scène est minimaliste : 5 chaises, une table, un jeu d’échecs, un téléphone portable. Cette sobriété conduit le spectateur à focaliser toute son attention sur les dialogues et sur la psychologie des personnages.
Comme quoi, avec une bonne trame et de bons acteurs, il n’y a pas besoin d’effets spéciaux pour faire d’excellents films.

7 anos Critique "7 años" (Netflix) : une confrontation haletante pour éviter la prison

75 minutes 

Le film est court. 75 minutes. Mais le spectateur ne les voit pas passer. Le temps passe vite, ponctué par les quelques appels de l’avocate, qui presse les quatre coupables de prendre leur décision au plus vite. La police peut débarquer d’un instant à l’autre. La tension monte. Intérieurement, on prend partie. On se dit qu’on préférerait voir tel ou tel personnage partir en prison. Mais cette prise de postion dépendra de la personnalité du spectateur. Il n’y a pas de héros. Votre voisin aurait peut-être voulu envoyer en prison, un autre associé que celui auquel vous pensez.

Le médiateur lance le débat, puis s’efface peu à peu, observant les associés se débrouiller entre eux. Ses rares interventions permettent de replacer les échanges sur le coeur du sujet, mais les discussions s’en éloignent régulièrement et la vie privée et le passé de chacun, servent d’arguments pour pousser ceux qui sont désormais adversaires, à se sacrifier pour le groupe. En effet, si l’option du tirage au sort a été évoquée, elle a rapidement été balayée de la main par la majorité du groupe. 

Ce huis-clos haletant est parfaitement maitrisé. Le réalisateur a eu la présence d’esprit de ne pas en faire trop. Le film est plus court que la moyenne, le décor est sobre, les acteurs incarnent leurs personnages avec justesse. Les dialogues sont percutants. C’est un véritable débat et on ne peut s’empêcher de se demander ce que l’on aurait dit à leur place, pour éviter la prison.