Deauville 2017 – « Ça » d’Andy Muschietti : Quand Spielberg rencontre Stephen King

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2017 est un grand cru pour Stephen King et ses fans. Un nouveau livre, des adaptations en séries et en films… L’apothéose est sûrement atteinte en cette fin d’année avec la réadaptation de son célèbre It (Ça), mettant en scène le clown maléfique Pennywise (grippe-sou en français). Présenté pour la première fois en France au Festival du Cinéma Américain de Deauville, cette première adaptation cinéma nous offre un divertissement rythmé et à l’ambiance parfaitement gérée, qui devrait contenter aussi bien les fans que les profanes.

 

Adaptation de Stephen King, hommage à Spielberg

C’est aujourd’hui une règle universelle : quand on veut traiter d’adolescents dans les années 80, on doit rendre un hommage à Steven Spielberg. Après tout, le papa de E.T, Rencontre du troisième type, Indiana Jones et tant d’autres a tellement défini l’imagerie de cette époque qu’il est difficile de s’en détacher.

L’idée de retranscrire l’histoire dans les années 80 (à la place des années 50 dans le livre) est d’ailleurs une excellente initiative du réalisateur Andy Muschietti. Celui-ci nous offre ainsi une histoire rythmée, dont l’imagerie rend hommage à l’un des plus grands noms de l’histoire du cinéma (à l’instar du Super 8 de J.J Abrams). L’initiative est également intéressante dans la mesure ou la suite inévitable de Ça se passera une trentaine d’années plus tard, c’est à dire à notre époque contemporaine. On a donc déjà hâte de découvrir la seconde partie de cette histoire dans les salles obscures. Cette retranscription dans les années 80 est d’ailleurs une preuve une fois encore qu’il est souvent bon de prendre des libertés quand on adapte une œuvre. Cela permet de lui offrir un second souffle et une vision artistique différente.

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It : l’entité démoniaque parfaitement icônisée

Le clown de Ça est probablement l’un des personnages horrifiques les plus emblématiques qui soient. Que ce soit de par le livre de Stephen King ou son adaptation téléfilm en 1990, l’image du clown maléfique est intimement liée à lui. Autant dire que Muschietti avait du travail avec ce clown démoniaque pour le rendre crédible et terrifiant.

Fort heureusement, le travail concernant l’icônisation de Pennywise a été rondement mené et nous offre un personnage aussi inquiétant qu’emblématique. L’aspect démoniaque et presque omnipotent de Pennywise est parfaitement retranscrit et ne laisse aucun doute quant à la menace qui plane sur nos héros. Outre un design vraiment réussi (et donnant un sacré coup de vieux au téléfilm de 1990), la mise en scène vient sublimer chacune de ses apparitions, offrant quelques moments d’inquiétude forts bien sentis.

Les pouvoirs mystiques du personnage sont disséminés de manière parcimonieuse et ne sont pas tous balancés à la figure du spectateur pour de simples sensations fortes. Tous les pouvoirs démoniaques présentés ont du sens dans l’histoire et mettent l’eau à la bouche quant à ce qui sera montré dans la partie 2. Pennywise est sans conteste un des meilleurs méchants ayant été présentés dans les salles obscures en cette année 2017. Ce sera donc un véritable plaisir de le retrouver pour la suite des aventures du « Club des ratés ».

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Des protagonistes attachants et très bien interprétés

Lorsqu’on met en scène une bande d’enfants et d’adolescents, on s’expose toujours à un film cliché aux personnages difficilement attachants pour un public adulte. Mais là encore, un très beau travail fut fait en termes d’écriture et de mise en scène, pour que chaque personnage s’inclut parfaitement au récit.

Si nos jeunes protagonistes ne se démarquent pas vraiment pas leur subtilité, cela ne les handicape aucunement, tant les interactions semblent naturelles. Ainsi, même si nous n’échappons pas aux stéréotypes du genre, on en vient à ne même plus y faire attention du fait de l’affection qu’on porte à ces personnages. D’ailleurs, si on peut effectivement parler de stéréotypes, il faut rappeler une fois encore que la mise en scène est un hommage assumé au Spielberg et aux teens-movies des années 80. Il est donc plus que normal que l’imagerie ainsi que les personnages nous semblent déjà vus.

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Un autre point contribue à l’attachement que l’on porte à ses personnages : leur interprétation. On pense notamment à Jaeden Lieberher, ce jeune garçon si talentueux déjà aperçu dans l’Incroyable Midnight Special de Jeff Nichols. En face de lui, la jeune Sophia Lillis se démarque également dans ce groupe de jeunes personnes. En même temps, étant la seule fille parmi un groupe de garçons, il fallait choisir une jeune actrice digne de ce nom. Enfin, le clown Pennywise / Grippe-sou est remarquablement interprété par l’acteur Bill Skarsgard, fils du célèbre Stellan Skarsgard (Avengers, Will Hunting…). Le reste du « Club des ratés », sans être particulièrement mémorable, fait très bien son travail et forme un groupe d’enfants / adolescents des plus appréciables.

Parfaitement réalisé et interprété, Ça est un divertissement de très grande qualité, qui place la barre haute pour le reste des blockbusters de 2017. Moment de détente intelligemment mis en scène, ce film met particulièrement en confiance pour sa suite déjà en préparation, toujours sous l’œil avisé d’Andy Muschietti. Nous sommes d’ailleurs assurés de découvrir cette suite, puisque le film a fait un démarrage canon aux USA pour son premier week-end. Il n’y a plus qu’à espérer que le reste du monde suivra et offrira à Ça le succès qu’il mérite.

 

Bande-annonce Ça