Critique « Un raccourci dans le temps » d’Ava DuVernay : un film divertissant et intéressant

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Ce mercredi 14 mars sort dans nos salles le dernier opus de chez Disney : Un raccourci dans le temps. Cette adaptation de roman a été confiée à Ava DuVernay (Selma), qui a tout mis en œuvre pour en faire une réussite. En dépit de petits défauts, il s’agit d’un film très agréable à regarder.

Une réalisation dans l’ensemble réussie

Tiré du roman A Wrinkle in Time de Madeleine L’Engle publié en 1962, ce film raconte l’histoire d’une jeune fille de 13 ans, Meg Murry. Cette collégienne manque de confiance en elle comme beaucoup d’adolescents de son âge. Elle est pourtant dotée d’une grande intelligence, tout comme son petit frère Charles Wallace. Ses parents sont deux grands scientifiques, Kate et Alex Murry, mais son père a disparu depuis quatre ans. Depuis, elle s’est renfermée sur elle-même et il ne se passe pas un jour sans qu’elle ne pense à lui. Elle va alors se retrouver embarquée dans une aventure à travers des mondes inconnus avec son frère et Calvin, un camarade de classe, guidée par trois dames aux pouvoirs magiques, Mme Quiproquo, Mme Quidam et Mme Qui, afin de retrouver son père. Mais c’est sans compter sur une force maléfique venant de Camazotz qui va tout faire pour les en empêcher : « le Ça ». Cette histoire qualifiée de fantastique relève plus de la science-fiction. On a en effet une dimension scientifique avec au cœur de l’histoire « la théorie de la compraction », qui permet de rejoindre des endroits à des années lumières en quelques secondes.

Meg Murry et Calvin dans la forêt de Camazotz
Meg Murry (Storm Reid) et Calvin O’Keefe (Levi Miller) dans la forêt de Camazotz.

Ava DuVernay se voit attribuer la lourde responsabilité de réaliser cette production des studios Disney. Elle relève ce défi difficile. Le visuel est réussi, hormis quelques plans pendant la séquence sur Uriel où les fonds verts sont bien trop flagrants. De nombreux effets spéciaux, ainsi que des images très colorées alternant avec quelques séquences beaucoup plus sombres, rendent le film plus vivant. La musique est à l’image du film : diversifiée. On passe ainsi de chansons pop à des sons plus classiques, ce qui permet de varier les émotions que procurent cette œuvre. Le petit reproche que l’on pourrait faire au sujet du scénario signé Jennifer Lee (réalisatrice de La Reine des Neiges) serait le manque d’explications sur l’identité des trois guides et leur quasi-totale disparition dans la seconde partie du film. Cependant l’histoire reste très plaisante.

Des acteurs touchants

Les acteurs du film se révèlent être attendrissants, en particulier les enfants. À la tête de l’affiche, Storm Reid est fidèle à son personnage : fragile mais sincère et attachante. Le très jeune Deric McCabe est formidable dans le rôle du petit frère surdoué de l’héroïne Charles Wallace. Enfin, le collégien Calvin O’Keefe est correctement interprété par Levi Miller, souriant et bienveillant.

En ce qui concerne les adultes du film, la distribution est tout à fait juste. Chris Pine se retrouve à jouer un rôle où on ne l’attend pas et pourtant, il parvient à incarner ce père touchant et sincère. Gugu Mbatha-Raw se voit attribuer le rôle de son épouse, douce et combattante à la fois mais pas très présente à l’écran comparée aux autres personnages. Ensuite, l’actrice Reese Witherspoon apporte une touche d’humour au film dans la peau de Madame Quiproquo légèrement maladroite dans ses paroles. La célèbre présentatrice Oprah Winfrey est ici Madame Quidam. On ne peut que reconnaître son bon jeu d’actrice dans le rôle de la sagesse. Quant à Madame Qui, elle est la plus effacée des trois guides à l’écran, cependant Mindy Kaling réussit à lui donner un côté affectueux. La splendide prestation de Zach Galifianakis en tant qu’Happy Medium un peu fou mais fascinant mérite d’être applaudie, on en vient à regretter de le voir que dans une seule partie. On peut donc saluer ce casting bien choisi.

Dr. Alex Murry (Chris Pine) dans son laboratoire
Dr. Alex Murry (Chris Pine) dans son laboratoire.

Une belle morale

Ce film fait passer un beau message : il faut s’aimer les uns les autres, mais aussi et surtout commencer par s’aimer soi-même. Alors certes cette morale peut paraître un peu niaise, mais il ne faut pas oublier que ce film est un Disney et qu’il s’adresse avant tout à un jeune public.

Ava DuVernay souhaite montrer que la différence fait la force. Elle aborde ainsi divers sujets. Elle met en avant la femme et principalement la femme afro-américaine. Elle donne également une place au mariage mixte et à l’adoption, tout en dénonçant le harcèlement scolaire et familial. Un raccourci dans le temps sous-entend qu’il ne faut pas se laisser envahir par la haine, que le bien doit triompher du mal grâce à l’amour que l’on se donne. La réalisatrice veut aussi faire comprendre, surtout aux adolescents, que leurs défauts font partis de leur personnalité. Ils sont indispensables et il faut les accepter. Ainsi Meg n’est pas parfaite, mais c’est ce qui au final la rend exceptionnelle et forte. C’est une héroïne dans laquelle peuvent se retrouver de nombreux enfants.

Un raccourci dans le temps est à l’instar de sa morale : malgré quelques petits défauts, il n’en demeure pas moins réussi. Un film qui devrait plaire à la plupart des jeunes, mais aussi à certains grands !

Bande-annonce du film Un raccourci dans le temps :