Critique « My Cousin Rachel » de Roger Michell : Fascinante, déroutante Rachel

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Phillip apprend la mort de son cousin Ambroise qui fut son père de substitution. Déterminé à lever le voile sur ce décès douteux, il se trouve animé par un désir du vengeance vis-à-vis de la veuve de ce dernier qu’il avait rencontré tout récemment… Nouvelle adaptation d’une des œuvres phares de la romancière Daphné du Maurier, My Cousin Rachel en conserve la veine sensuelle, le jeu de dupe ainsi que le discours social axé sur la place de la femme au sein d’une société hautement patriarcale. 

Hystérie masculine, séduction féminine

En confiant le rôle de cette captivante et vampirisante veuve à Rachel Weisz, Roger Michell (réalisateur du culte Coup de foudre à Notthing  Hill) trouve là sa plus belle idée, légitimant quasiment son film. Hélas, en ramenant perpétuellement le récit au personnage de Phillip, moins finement écrit et par conséquent moins captivant, le réalisateur perd le fil et la puissance des idées esquissées à travers son héroïne, laissant son spectateur sur le banc des enjeux de ce drame. 

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Néanmoins, le postulat de My Cousin Rachel n’en demeure pas moins intéressants puisqu’il met en scène une hystérie masculine. En exposant tout du long un personnage masculin animé voire calciné par le désir, le film propose une inversion des codes et un glissement intéressant puisque Phillip passe du désir de vengeance au désir charnel. C’est ainsi que l’apparition de Rachel est différée. Elle se fait ainsi autant désirer par Phillip que par le spectateur intrigué par cette femme inquiétante perçue sous le prisme de la correspondance épistolaire d’un Ambroise agonisant et paranoïaque. Cette paranoïa ne quittera d’ailleurs jamais complètement le film imbibé d’une atmosphère trouble et se maintenant à la croisée de plusieurs genres.

Tantôt thriller ménageant le suspens d’une séquence à l’autre, tantôt drame amoureux entre deux personnages furieux aux personnalités ambiguës, le film ne se refuse aucun détour. Le spectateur n’est ainsi jamais gagné par une certitude tranchante. A travers une réalisation qui ne s’impose jamais de dogmes, il se retrouve à partager un sentiment mutuel de méfiance avec Phillip, mais aussi parfois envers lui lorsqu’il bascule dans une rage obsessionnelle. Roger Michell en profite aussi pour poser un regard clinique sur une société patriarcale dans lesquelles Rachel ne se retrouve pas et qui utilisera tous les moyens possibles pour conquérir sa liberté, quitte à se jouer de la naïveté d’un jeune homme sans repères.

Paysages et crustacés …

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Même si elle partage leur imprévisibilité voire leur primitivité, la nature exposée à travers la beauté absolue des paysages tranche avec le caractère grisonnant de ce duo assez inégal. En effet, la prestation de Sam Cliflin se révèle souvent éclipsée voire même écrasée par Rachel Weisz, qui s’affiche comme un monstre de nuances. La trajectoire de Phillip basculant dans la folie se révèle donc parfois grossière et moins fiévreuse qu’attendue. Le spectateur ne ressent dès lors que très peu d’empathie et ne ressort que moyennement impliqué par cette histoire de passion destructrice. 

Proposant une réflexion intéressante sur le désir mêlé aux ambitions émancipatrices d’une femme piégée par une société encore régie par les hommes, My Cousin Rachel souffre toutefois de la faiblesse d’un personnage masculin manquant de consistance et de profondeur. C’est donc une Rachel Weisz remarquable à découvrir en priorité le 26 juillet au cinéma.

Bande-annonce My Cousin Rachel : 

https://www.youtube.com/watch?v=gZKRb0mwRoo