Critique « Le Jour de mon retour » de James Marsh : un film sincère et touchant

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Ce mercredi 7 mars sort dans nos salles le film britannique Le Jour de mon retour. James Marsh (Une merveilleuse histoire du temps) réalise encore une fois la dure tâche d’adapter au cinéma un fait réel. Si le film manque peut-être d’un peu d’originalité, il n’en demeure pas moins réussi.

Une mise en scène simple mais efficace

Inspiré d’une histoire vraie, Le Jour de mon retour met en scène l’histoire de Donald Crowhurst, un homme d’affaires au bord de la faillite, passionné de voile. Celui-ci, bien qu’il n’ait aucune expérience, décide de se lancer dans une course maritime autour du monde en solitaire et sans escale. Il espère ainsi décrocher un prix au Golden Globe Challenge et accomplir quelque chose dont tout le monde se souviendra. Mais n’étant pas correctement préparé, il va se retrouver seul au beau milieu de la mer face à de nombreux problèmes, loin des siens qu’il aime tant. Ce fait divers a déjà été raconté dans des livres tels que le roman d’Isabelle Autissier en 2009, Seule la mer s’en souviendra et s’est également vu représenter de nombreuses fois à l’écran. C’est là toute la difficulté pour James Marsh : se démarquer des autres films pour ne pas être redondant mais rester fidèle à l’histoire. Cet obstacle va être surmonté avec succès par le réalisateur, malgré le fait qu’on puisse noter un rythme un peu lent pour certaines scènes.

Pour la petite anecdote, l’acteur français Jacques Perrin, qui tenait en 1982 le rôle de Crowhurst dans le film Les Quarantièmes rugissants, est coproducteur du film Le Jour de mon retour.

On peut saluer le choix des musiques du film et le musicien compositeur Jóhann Jóhannsson (malheureusement décédé récemment). Les chansons collent tout à fait au drame et renforcent les émotions que procure ce biopic. Il est alors plus facile se mettre dans la peau du triste héros de cette histoire. Le choix des gros plans répétés sur les visages des personnages met l’accent sur leurs expressions et plonge ainsi le spectateur au plus près de l’action. Le décor est très minutieux et se veut fidèle à la réalité avec une réplique du trimaran, le Teignmouth electron, et des scènes de navigation tournées à Teignmouth, la ville de départ de Donald Crowhurst.

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Rachel Weisz dans le rôle de Mme Crowhurst avec ses enfants qui attendent le retour de leur père parti dans une course en solitaire autour du monde.

Un excellent jeu d’acteurs

Colin Firth incarne parfaitement ce père de famille aimant, qui va se voir progressivement sombrer dans la folie. Celui-ci est partagé entre honnêteté et mensonge, raison et délire, amour et fierté. Firth réussit le défi de montrer aux spectateurs toutes les émotions par lesquelles passe son personnage, et cela même durant les longs moments sans dialogues. Il partage l’affiche avec Rachel Weisz qui se voit attribuer le rôle de Clare Crowhurst, l’épouse dévouée et amoureuse. Elle joue à la perfection ce rôle de femme forte qui sait faire face à toutes les situations, même les plus difficiles.

L’attaché de presse de M.Crowhurst, Rodney Hallworth, est représenté par David Thewlis et on ne peut que saluer ce bon choix de distribution. Il est accompagné par son fidèle assistant, Wheeler, ayant bien plus de morale que lui et c’est un Jonathan Bailey sincère qui se retrouve dans la peau de ce personnage contraint d’obéir à l’autoritaire attaché de presse. Le banquier de M. Crowhurst, Stanley Best, est correctement interprété par Ken Stott.

On peut également applaudir le formidable jeu des jeunes acteurs Kit Connor, Eleanor Stagg et Finn Elliot qui incarnent à merveille les enfants de Donald Crowhurst. Le casting fonctionne donc très bien pour ce film dramatique et est tout à fait légitime.

Une dénonciation de la (sur)médiatisation et du pouvoir de l’argent

L’attaché de presse montre, un peu exagérément, le côté vicieux de certains journalistes prêts à tout pour vendre le plus de papiers possibles. En plus de sa solitude, du manque des siens et de l’absence de préparation à cette aventure remplie de problèmes, Donald Crowhurst se voit ajouter la pression constante des médias et par conséquent, de son attaché de presse. L’opinion publique va être une préoccupation omniprésente pour le héros du film. Cela va le pousser à faire des choses qu’il n’aurait jamais voulu avoir à faire. Une fois pris dans cette spirale infernale, difficile d’en sortir… Il se retrouve alors dans la position inconfortable de la victime-complice.

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L’attaché de presse Rodney Hallworth (David Thewlis) donnant ses instructions à Donald Crowhurst (Colin Firth) à propos de l’aventure qu’il s’apprête à vivre.

L’argent occupe quant à lui une place centrale dans le film. Il est un des éléments qui pousse Donald à partir à l’aventure, mais c’est de ce fait ce qui le mènera à la déchéance. Son banquier, Stanley Best, ne veut absolument pas perdre l’argent qu’il lui a prêté et cela même au détriment de la vie de Donald. Ce film insiste sur l’importance de l’argent dans la société et surtout sur celle de l’opinion publique.

James Marsh réussit donc le pari de s’approprier l’histoire tragique d’un amateur rêveur au triste destin. Un film à regarder au moins une fois !

 

Bande-annonce du film Le Jour de mon retour :