Critique de Moi Moche et Méchant 3 de Pierre Coffin et Kyle Balda

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Après deux premiers opus et un spin-off, la saga Moi, Moche et Méchant ne cesse d’être prolifique. Réalisé par Pierre Coffin et Kyle Balda, ce troisième opus nous présente un nouveau personnage, Gru, le frère jumeau de Dru. Ils sont tous deux doublés par les frères Elmaleh.

 

Une saga doucement régressive 

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La célèbre franchise Moi, Moche et Méchant est affublée d’une histoire particulière. La première coopération entre Universal et une boîte d’animation française, rachetée par illumination. Après deux épisodes qui ont rapporté énormément au box-office, les studios ont donné leur propre film aux Minions, les mascottes de la saga. Le long-métrage « Les Minions » a rapporté encore un peu plus. Adoubé par la presse et les spectateurs, Illumination est parvenu à se faire un nom dans la cour dangereuse et compétitive des studios d’animation. Un succès qui a permis la production d’autres projets tel que Comme des bêtes. Auréolés de leur succès, les réalisateurs de Moi, Moche et Méchant se sont laissés aller à une certaine paresse. Pierre Coffin se repose incontestablement sur ses lauriers et ne parvient pas réellement à relancer la saga.

Moi, Moche et Méchant est moins créatif et inventif. Un méchant tout droit sorti des années 1980, mode du vintage oblige, des personnages qui n’évoluent plus, et une sous intrigue inutile et pas franchement passionnante d’Agnès à la recherche de sa licorne légendaire. Pierre Coffin s’éparpille et ne parvient plus à donner l’impulsion nécessaire à ses protagonistes qui deviennent des objets de l’histoire et non plus ses rouages. Moi, Moche et Méchant, demeure un film divertissant mais ne parvient pas à être mémorable. Le long métrage perd également en émotion. Les trois enfants ne partagent plus l’émotivité issue de leur insouciance infantile. Reste une animation séduisante, un rythme effréné et les magnifiques Minions. Ces derniers sont encore au centre de quelques situations cocasses de premier ordre. Le potentiel comique de ces petits personnages rigolos est utilisé. Dès leur rébellion et grâce à un mixage sonore et une BO entraînante, chacune de leur apparition est un délice. Les Minions n’ont pas pris une ride.

 

L’arrivée de Dru 

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Alors que Gad Elmaleh prête sa voix à Gru depuis le tout début, Pour doubler Dru, le frère jumeau du protagoniste, l’humoriste a fait appel à son frère Arié Elmaleh.. L’alchimie entre les deux protagonistes fonctionne immédiatement. Leur complicité, leur compétitivité, leurs différences permettent de créer des situations spontanées, des vannes crédibles et une empathie à l’égard des deux héros. Cette relation met également en avant des questionnements plus adultes sur l’appartenance, sur le sens professionnel et idéologique. Moi, Moche et Méchant 3 met en avant un rapport à la paternité et au traditionalisme familial. Il met en avant la pression paternelle, les attentes sociétales et familiales. Une volonté d’honorer les désirs d’un défunt père, un double retrouvé, ce qui introduit la notion de famille déjà très présente depuis le début de la saga. Mais cet aspect émotionnel n’a jamais été aussi bien traité dans la saga qu’au tout début, lorsque dans le premier opus le méchant Gru s’éprend de ces petites gamines orphelines. Gru se refuse également à regretter son passé de débâcles, Pierre Coffin traduit ainsi le regret, la nostalgie, la mélancolie, également via la fuite des Minions. 

Finalement, Moi, Moche et Méchant 3 ne propose rien d’innovant, et n’est pas porté par une grande créativité. Mais son rythme imposant, ses personnages attachants et la présence des Minions font de ce troisième opus un honnête divertissement.