Critique : « Ghost in the Shell », la version de 1997

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En attendant la version américaine de Ghost in the Shell de Rupert Sanders qui sortira le 29 mars prochain (remake porté par Scarlett Johansson), petit retour sur le film d’origine, un long métrage d’animation américano-japonais de 1997 réalisé par Mamoru Oshii. Le long métrage a eu le droit à sa suite sortie en 2004, toujours dirigée par Mamoru Oshii et intitulée InnocenceGhost in the Shell est adapté d’un manga japonais culte de Masamune Shirow sorti entre 1991 et 1996. 

 

Quelque part entre Akira et Blade Runner

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© 1995 Kodansha/Shirow Masamune/Bandai Visual/Manga Entertainment

Ghost in the Shell est un classique de l’animation japonaise, adapté du manga mature éponyme. Le long métrage prend place dans un néo-Tokyo futuriste, délabré, poussiéreux et pourtant très technologique. Le film mélange les genres pour créer une science-fiction crasseuse dans la lignée de Blade Runner, du Cinquième Élément ou même de la première trilogie Star Wars. Ghost in the Shell présente un monde dominé par l’informatique, croulant sous les inégalités sociales et la tyrannie de leurs dirigeants qui possèdent des moyens inaccessibles.

Un univers qui n’est donc pas s’en rappeler Blade Runner de Ridley Scott, sortie en 1982, qui lui aussi mélange la folie de l’informatisation et la démence populaire. La comparaison ne s’arrête pas là puisque la protagoniste est un cyborg entièrement synthétique, une ressemblance flagrante aux réplicans de Blade Runner. Ghost in the Shell connaît ses classiques et se rapporte également au genre asiatique. L’animation est parfois très crue, tel Akira, un autre classique du genre science-fiction crasseuse.

 

Un monde transformé

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© 1995 Kodansha/Shirow Masamune/Bandai Visual/Manga Entertainment

Par un souci du détail propre au cinéma asiatique, le réalisateur prend réellement le temps de poser son décor. Il met en scène les rues de Tokyo, ses paysages, ses habitants, le tout porté par une bande originale quelque part entre le passé et le futur. Presque contemplatif, Ghost in the Shell présente un monde scientifiquement évolué, aux accès informatiques, virtuels et artificiels sans limite. L’être humain est capable de tout créer via l’informatique : des secteurs, des réseaux, des mondes, voire même des êtres. Tout l’enjeu du long métrage est de déterminer si le cyborg, personnage principal de l’histoire, est capable d’être : c’est-à-dire être une réelle personne, un être humain à part entière, avec ses sentiments, ses émotions, ses ressentis, ou si par le biais de la science et de l’insolence humaine, cette création ne peut être qu’artificielle. Motoko Kusunagi cherche à savoir si elle peut se considérer elle-même comme un être vivant ou comme la création d’une entité pré-définie. Ghost in the Shell présente le contrôle des mentalités, des esprits et même de la mémoire par un système informatique très perfectionné. Le long métrage n’est absolument pas manichéen. Il présente des rapports de force biaisés et les victimes collatérales d’une condition sociale compliquée. Avec ses personnages distants et taciturnes, Ghost in the Shell met en scène un futur aseptisé et désolant tout en dressant le portrait de la notion d’être humain, de la capacité à être, à se souvenir et surtout à évoluer.

Via une esthétique remarquable, le long métrage est une dissertation philosophique sur l’identité de l’être vivant. Porté par une animation contemplative et des décors visionnaires, Ghost in the Shell s’avère légèrement trop bavard au détriment de scènes d’action dantesques un peu laissées de côté. Jusqu’à son final réfléchi, Ghost in the Shell cherche à confronter le spectateur à l’idée d’être humain.

Si vous avez envie de découvrir cette petite pépite, sachez qu’elle sortira en version remastérisée le 15 mars chez @Anime !