Critique « Cro Man » de Nick Park : un film drôle, décalé et inattendu

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Après avoir réalisé Chicken Run, Wallace & Gromit et scénarisé Shaun le Mouton, le personnage clé des studios Aardman qu’est Nick Park s’attaque aujourd’hui à Cro Man. Avec à peine 200 000 entrées au box office en France lors de sa première semaine d’exploitation, il est de bon ton de mettre un coup de projecteur sur ce petit film d’animation fort sympathique.

Côté casting on retrouve parmi les voix originales : Eddie Redmayne (Une Merveilleuse Histoire du Temps, Les Animaux Fantastiques), Maisie Williams (Game of Thrones) et Tom Hiddleston (Avengers, Crimson Peak). On notera aussi Pierre Niney (Yves Saint-Laurent, La Promesse de l’Aube) qui prête sa voix au personnage de Doug en version française. Cro Man (Early Man en VO) se déroule à la Préhistoire. C’est donc l’histoire de Doug, un homme des cavernes courageux et de son meilleur ami Crochon, qui s’unissent pour sauver leur tribu d’un puissant ennemi.

Jusqu’ici rien d’extraordinaire au niveau du synopsis. Cependant, ce qui fait la première force de ce nouveau long-métrage en stop motion, c’est sa communication. En effet, de nos jours et notamment avec les blockbusters, on nous rebat les oreilles de teasers, multiples bandes-annonces et spots TV, alors que parfois, en toute honnêteté, on pourrait volontiers s’en passer tant ils dévoilent le film en quasi-totalité. Pour ce qui est de Cro Man, le synopsis et la bande-annonce ont su rester subtils sans trop en dévoiler : on nous laisse entendre un duel entre deux âges que sont celui de la pierre et celui du bronze, l’un étant bien-sûr moins avancé que l’autre et se faisant mettre à genou.

Cro man

C’est d’ailleurs sur ce postulat qu’est construite la grande métaphore du film car effectivement, au travers de sa thématique principale, Cro Man pointe directement du doigt ni plus ni moins que l’industrialisation de nos sociétés modernes, les révolutions qui en sont à l’origine, sans oublier la soumission de certaines populations locales pour y parvenir lors de la conquête d’un « nouveau » territoire (évoquant par là même des périodes sombres de notre histoire) ainsi que l’impact de tout ceci sur la nature. Et finalement, alors qu’on s’attend à de la fourberie et un combat physique sans merci, on nous sert sur un plateau la surprise d’un duel footballistique.

S’installe alors pour de bon le fameux style drôle et décalé qu’on connaît aux studios Aardman, en plus de ces personnages en pâte à modeler auquel on s’attache vite et qui en font, sans nul doute, une belle marque de fabrique. De certains gags parfois classiques mais efficaces, on passe à de très bonnes vannes anachroniques sur l’ensemble du film et une grosse parodie du monde sportif. On peut également souligner bon nombre de références en tous genres, qu’elles soient sportives, littéraires, cinématographiques ou historiques, à travers des dialogues et une mise en scène de qualité qui, sans nul doute, en feront rire plus d’un. Un vrai bouleversement après le muet, mais non moins drôle, Shaun le Mouton.

En résumé, Cro Man est un film dont le scénario peut être considéré comme simple et prévisible sous certains aspects, mais qui ne l’empêche pas malgré tout de remplir correctement son cahier des charges et d’être gorgé d’humour. Des traits qui ne manqueront pas de plaire aux petits comme aux grands enfants, surtout lorsqu’on y ajoute une bande-son « feel good » qui vous mettra à coup sûr de bonne humeur. Le film britannique, sorti le 7 février dernier, est toujours dans vos salles.

Bande annonce Cro Man