Critique « The Discovery » (Netflix) : un joli conte métaphysique

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Les productions Netflix se suivent mais ne se ressemblent pas tant que ça ; sorti en 2017, The Discovery dénote dans l’univers des grosses productions de la plateforme et fait preuve d’une jolie réflexion sur notre rapport à la mort et surtout sur ce qu’il y a après. Un beau conte métaphysique qui, malgré ses quelques défauts, nous emporte dans son monde pour nous relâcher avec plein de questions.

Qu’y a-t-il après la mort ? C’est peut-être la question que l’on se pose le plus et à laquelle nous avons le moins de réponse. The Discovery est l’histoire de cette réponse impossible et des répercussions qu’elle engendre : lorsque le scientifique Thomas Harbor (interprété par le grand Robert Redford) prouve qu’il existe quelque chose après notre mort, une vague de suicide touche le monde, dans un espoir sublime et effrayant d’une vie meilleure ailleurs. Les avis divergent dans la famille Harbor et les idées sur cette découverte s’entrechoquent, mais dans un fracas parfois trop délicat pour sonner vrai ; le tout a tendance à se transformer en un joli conte qui, malgré ses défaut, parvient à captiver jusqu’à son dénouement. 

The Discovery – Critique "The Discovery" (Netflix) : un joli conte métaphysique

The Discovery a comme plus gros atout la manière dont il arrive à traiter de son sujet, qui concerne et fascine universellement ; avec des dialogues toujours bien écrits et une mise en scène d’une poésie parfois délicate, parfois funèbre, le charme du dernier film de Charlie McDowell opère à merveille. Entre les interrogations de chacun, les espoirs infondés ou déçus, les dangereuses découvertes et une culpabilité sous-jacente mais omniprésente, The Discovery interroge sans cesse les émotions humaines face à cet objet si mystérieux et pourtant si commun qu’est la mort.

Mais le drame de science-fiction se transforme peu à peu en conte, lorsque la caméra de McDowell ne parvient pas à s’attarder suffisamment sur les blessures de chacun des personnages. L’histoire entre Will et Isla (interprétés par Jason Segel et la magnétique Rooney Mara), premier et dernier élément central du film qui boucle un cycle sublime et infernal, manque à bien des moments de complexité, à cause d’un développement de personnages qui se contente de rester sur le plan de la trame scénaristique. Les personnages semblent ne pas pouvoir exister hors de cette intrigue, ce qui confère au film un aspect parfois peu réaliste et a tendance à installer une distance entre le spectateur et ceux qu’il suit. Et pourtant, malgré ces quelques maladresses, les acteurs parviennent à nous convaincre de la sincérité de ces personnages par un jeu qui sonne toujours juste, et qui réussit à trouver un ton précis pour aborder ces thématiques parfois délicates.

The Discovery Rooney Mara Critique "The Discovery" (Netflix) : un joli conte métaphysique

La photographie de Sturla Brandth Grøvlen a également ses qualités et ses défauts : toujours très belle mais très neutre, dans des tons sombres qui oscille entre le noir et le bleu, elle pose un voile permanent empli de mélancolie sur cette intrigue déjà assez sombre ; ainsi, elle s’accorde parfaitement à cet univers, mais manque bien souvent d’audace, se contentant de filmer avec réalisme et distance ces personnages, en hésitant à prendre une direction réelle qui aurait pu donner une identité visuelle plus forte. Entre le drame, la science-fiction et la romance, The Discovery ne parvient pas à avoir de réel parti-pris, qui aurait donner plus de force et de consistance, afin de soutenir au mieux ce scénario.

Malgré quelques défauts, The Discovery s’inscrit indéniablement comme l’une des meilleures productions Netflix ; avec une intrigue fascinante, un sujet toujours bien traité et une justesse de jeu, ce cycle sublime parvient à convaincre sans difficulté. On a hâte de découvrir les prochains films de McDowell, qui sauront sûrement garder ces qualités, avec l’audace en plus.

Bande-annonce The Discovery de Charlie McDowell :