Critique de « Barry Seal: American Traffic » de Doug Liman, ouverture en fanfare du Festival de Deauville

0
496

Pour Barry Seal, Tom Cruise endosse le temps d’un film, le rôle d’un citoyen lambda qui se retrouve plongé au coeur d’une histoire improbable. Doug Liman arrive à exceller dans le domaine du divertissement, puisqu’il réussit après Edge of Tomorrow et malgré le changement de registre, à livrer un biopic efficace.

Une plongée fun dans le milieu des Narcos

Le timing de la présentation de Barry Seal au festival de Deauville est parfait puisqu’il coïncide avec la sortie de la saison 3 de Narcos sur Netflix. La temporalité diffère néanmoins puisque l’intrigue se déroule sous le règne du cartel de Medellin dirigé par Pablo Escobar et les frères Ochoa.

On y suit Barry Seal, pilote d’avion oeuvrant pour la TWA, qui se livre à de menus trafics de cigares afin de parfaire ses fins de mois. Il se fait repérer par un agent de la CIA, joué par un Domhnall Gleeson particulièrement inspiré. Barry se retrouve donc à transporter des armes pour des rebelles situés en Amérique centrale qui sont censés renverser le régime en place dans leur pays. Les conditions de sa nouvelle affectation se compliquent lorsqu’il va être amené à travailler pour les trafiquants colombiens les plus célèbres des années 80. 

Tom Cruise dans Barry Seal
Copyright Universal Pictures

Le portrait dressé ici de cet américain moyen, séduit très rapidement par les nouvelles opportunités qui s’ouvrent à lui, est des plus surprenant. Doug Liman assume ici pleinement la carte du divertissement en conservant un ton léger durant la globalité de son film. Quelle que soit la gravité de la situation dans laquelle il se retrouve impliqué, son « héros » reste cool et n’est jamais pris en défaut. Cette retranscription très décomplexée de la vie de Barry Seal ferait presque croire que l’on est face aux énièmes péripéties de Tom Cruise sur grand écran. 

Les deux premières saisons de la série Narcos frappaient les esprits en offrant une immersion totale dans l’univers du cartel de Medellin. On se levait, on mangeait, on se couchait avec Pablo Escobar… Dans Barry Seal, le côté superficiel prédomine puisque le réalisateur ne fait qu’effleurer le sujet. Est-ce une volonté de Doug Liman ou a t-il voulu permettre à son acteur de rester dans sa zone de confort? Tom Cruise n’est pourtant pas qu’un Action Man, il a prouvé dans des films comme Magnolia qu’il pouvait évoluer avec une certaine aisance dans un registre dramatique. On ne saura pas si la colocation de la superstar avec le scénariste et le cinéaste lors du tournage en Géorgie a pu avoir une certaine influence sur l’histoire.

Tom Cruise, affublé de son grand sourire, manifeste une certaine joie de vivre qui rend son personnage sympathique malgré son ambivalence. Un point de vue qui ne plaira pas à tout le monde mais qui a le mérite d’exposer clairement l’objectif recherché, divertir le public. 

 

Barry Seal, un biopic eficace

 

Doug Liman dans Barry Seal
Copyright Universal Pictures

 

Doug Liman nous livre à travers ce long métrage une réalisation soignée, sans révolutionner le genre du biopic, bénéficiant avant tout de décors et costumes particulièrement bien retranscrits, d’une photographie à propos, mais aussi de quelques idées intéressantes pour sortir par moments d’un cadrage conventionnel.

Son utilisation de clichés (photos), de quelques images d’archive ou encore d’un effet Super 8 lors des prises de parole face caméra de Barry Seal sont autant d’éléments qui donnent le crédit dont le film a besoin pour nous rappeler qu’il ne s’agit pas que d’une fiction. On finirait presque par l’oublier, au milieu de ce marasme de scènes improbables, contées avec une légèreté pas désagréable, loin s’en faut, mais pas moins troublante.

Barry Seal ouvrait la 43 ième édition du festival du cinéma américain de Deauville. Il sortira dans les salles françaises le 13 septembre.