[Critique] Adopte un veuf, une comédie divertissante !

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Synopsis de Adopte un veuf: La femme d’Hubert est décédée depuis peu, il va devoir apprendre à vivre seul…

Une colocation de tous les âges!

Assis au bord de son canapé, la mine renfrognée, Hubert soupire de désespoir. Lorsque le hasard va l’amener à loger Manuela qui parviendra à le convaincre d’agrandir leur colocation. C’est alors que le quotidien d’Hubert va s’éclairer par la présence de cette pétillante étudiante ainsi que de Marion, une jeune et timide infirmière et Paul-Gérard Langlois un avocat maladroit, dont sa femme l’a quitté récemment.

Adopte un veuf a remporté le Prix Spécial du Jury pour lequel il a été en compétition au festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez. Malgré un titre revêche et réducteur, Adopte un veuf parvient à nous surprendre de par son humour et sa légèreté.

Obstétricien à la retraite, Hubert, pleure sa défunte femme en se remémorant les merveilleux moments passés ensemble. Sa vie se résume à des programmes télés et des allers retours chez sa boulangère. Incroyable personnage que cette boulangère, indiscrète mais bienveillante, par qui naît le quiproquo annonçant subrepticement la colocation.

 

Copyright SND
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Le scénario repose sur des personnages antinomiques que tout oppose socio-culturellement mais qui parviennent à vivre ensemble. A l’instar du film, L’étudiante et Monsieur Henri, le film traite avec esprit le concept de la colocation intergénérationnelle, véritable phénomène de société. Hubert est propriétaire d’un très grand appartement dont Manuela va tirer profit en s’y installant et organisant un casting afin de trouver des colocataires. Ont été choisis Marion, une jeune femme d’une amabilité infinie et Paul-Gérard, une personne attachante malgré sa maladresse. Les rôles semblent prédéfinis : Monsieur Dussolier endosse le rôle du papy acariâtre avec justesse tandis que Bérangère Krief, à l’image du personnage volcanique de son One-Woman-Show s’approprie le personnage de Manuela avec brio. Un brin borderline, elle va pousser Hubert dans ses retranchements afin de le ramener à la vie.

Ce nouvel entourage va inciter Hubert à quitter sa solitude dans laquelle la tristesse l’y a enterré. Il reflète la pensée selon laquelle l’Homme a besoin d’autrui pour accéder au bonheur. Du plaisir qu’il éprouve en découvrant les joies de la colocation, il découvre le bonheur au travers ses relations avec autrui.

 

Une collaboration enrichissante!

Le scénario est écrit par un quatuor accoutumé aux comédies : François Desagnat, Jérôme Corcos, Catherine Diamant et Romain Prota. Toutefois à travers ce long métrage, ils ont su mettre en avant l’humour, la tendresse et l’émotion même si l’on regrette une écriture un brin frivole.

Nous regrettons que le thème n’ait pas été davantage approfondi compte tenu du titre un peu superficiel. Car « adopter » un veuf n’est pas une mince affaire compte tenu de l’aspect émotionnel que comporte l’épreuve de perdre un être cher.

La réalisation des films précédents (La beuze, Les 11 commandements) de François Desagnat nous laissent présager d’un humour lourd entièrement assumés axé principalement sur le bas de la ceinture. Pourtant, nous sommes agréablement surpris par la maturité de ce scénario bien plus ordonné.

A travers une mise en scène toute en légèreté, le réalisateur, en fait une comédie simpliste qui pourrait être adaptée au théâtre. Le vaste appartement va évoluer en même temps que les personnages. La sobriété, la pénombre du début calqué sur le moral morose d’Hubert va laisser place à la lumière, les vas et viens des colocataires qui apportent un rythme, une vie, un espoir.

François Desagnat a su mettre en valeur les seconds rôles en exagérant leurs traits de caractères afin de donner du corps au scénario. Dans le rôle de Marion, Julia Piaton, apporte une certaine naïveté mesurée dont la douceur arrondie les angles. Toutefois, elle parvient à être à la fois discrète et importante au sein de la colocation. Tandis que le jeu d’acteur d’ Arnaud Ducret, dans le rôle du jeune avocat nous paraît bardé de clichés ce qui plombe le personnage. « Un jeune avocat à l’allure d’un premier de la classe, débordé de travail et menant une vie 100% sans gluten. En instance de divorce, il s’occupe de son fils dans la mesure du possible. » Et n’oublions pas Nicolas Marié dont chacune de ses apparitions sont affriolantes. Il joue avec pétulance le rôle du « vieux » soucieux de son teint halé, entouré de ses jouvencelles qu’il prend plaisir à les promener en 4×4.

Bérangère Krief apporte une certaine fraîcheur. Un sacré tempérament face à un grand Monsieur du cinéma français, André Dussolier, dont on apprécie son côté à la fois revanchard et la tendresse qu’il nous laisse entrevoir entre deux grognements. Une certaine émotion nous tient à travers le film lié à la notion du deuil et de la solitude. Malgré une issue prévisible, on se plaît à se plonger dans cette ambiance familiale dont la notion est redéfinie. Car cette famille, Hubert l’a choisie.

Je vous invite à aller regarder cette comédie pour un moment de détente garanti dont la sortie est prévue le 20 avril 2016.