Critique 10 Cloverfield Lane de Dan Trachtenberg

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Dehors c’est dangereux, dedans, c’est pire ! Telle est la devise de  » 10 Cloverfield Lane  » , dernière production de J.J Abrams, réalisée par Dan Trachtenberg en salles le 16 mars.  » 10 Cloverfield Lane  » nous présente l’histoire de Michelle (Mary Elizabeth Winstead), jeune femme reprenant conscience dans un étrange bunker suite à un accident de la route. Pensant d’abord avoir été kidnappée, son « gardien » répondant au nom d’Howard (John Goodman) lui explique qu’une violente attaque a eu lieu, décimant le reste de l’humanité. Sceptique, Michelle prépare un plan d’évasion avec l’aide d’Emmett (John Gallagher Jr) le troisième habitant de ce Bunker. A eux deux, ils tenteront de découvrir la vérité sur le monde extérieur tout en échappant à un hôte aussi dangereux qu’imprévisible.

Un thriller efficace

S’il fallait définir  » 10 Cloverfield Lane «  en un seul mot, ce mot serait « claustrophobique » !  Ce thriller de science-fiction à huis clos impose au spectateur une atmosphère aussi sale et sombre que peut nous offrir celle d’un bunker, et cela est très efficace. A cette ambiance si singulière, vient s’ajouter la mise en scène très minutieuse de Dan Trachtenberg, qui prend plaisir à constamment réduire l’espace des personnages, réduisant par la même occasion celui des spectateurs. Ce jeu malsain de rétractation de l’espace arrive à son comble lorsque le spectateur se retrouve comme enfermé près de l’héroïne dans les conduits d’aération semblant sans issues. Malgré cet espace en constante diminution, Les mouvements de caméra sont quasi-constants, et obligent le public à rester en alerte s’il veut discerner les actions clés de l’histoire. L’ambiance de  » 10 Cloverfield Lane «  est un plaisir d’immersion rappelant que pour rendre un film d’angoisse efficace, cacher le danger est bien mieux que le dévoiler.

10 Cloverfield Lane Image 2

A cette atmosphère si oppressante vient s’ajouter une musique post apocalyptique rappelant très clairement le jeu vidéo « The last of us ». Ces tonalités de cordes frottées désaccordées amplifient d’une façon agréablement malsaine la sensation de malaise du spectateur. A ces tonalités si douces vient se superposer un orchestre symphonique beaucoup moins mémorable, mais venant souligner le grandiose du danger. Les trois acteurs présents sont tous très bons dans leurs rôles respectifs, particulièrement John Goodman, principal élément de danger pour ses « colocataires » et de stress pour les spectateurs. Néanmoins, les dialogues sont très peu nombreux et les acteurs sont parfois relégués au second plan afin de laisser plus de place à l’immersion dans l’ambiance.

Une suite possible?

Malgré un danger très présent et identifiable, la mise en place du suspens est parfois laborieuse. Cela tient notamment au fait que dans un contexte aussi violent et hors de contrôle, le spectateur prend rapidement conscience que tout est possible, ce qui fait qu’il n’est surpris qu’à peu de reprises. Cela vaut aussi bien pour les coups de colère intempestifs de John Goodman que pour la conclusion du film. La scène finale dévoilant les événements réellement survenus à l’extérieur, ne nous montre finalement qu’une des possibilités parmi tant d’autres, sans imposer de réels retournements de situation. Mais malgré ce bémol dans la capacité à surprendre, l’ambiance de ce film est une belle réussite

« 10 Cloverfield Lane » se conclut en venant répondre aux interrogations présentes tout au long du film, tout en ajoutant une flopée de nouvelles autres questions. L’histoire se termine donc de manière ouverte et laisse le spectateur totalement libre d’imaginer la suite. La scène finale laisse en droit de se demander s’il s’agit d’une fin délibérément ouverte pour faire travailler notre imagination, ou si cela présage d’une inévitable suite. La réponse sera sûrement conditionnée par le succès du film.