Annecy 2018 – « Virus Tropical » de Santiago Caicedo de Roux (En Compétition)

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Virus Tropical de Santiago Caicedo de Roux est une coproduction colombienne et équatorienne. Adapté du roman graphique de Powerpaola, le long métrage raconte la jeunesse de Paola qui grandit entre l’Equateur et la Colombie dans une famille haute en couleur dominée par les femmes. De sa naissance à son adolescence, le film d’animation retrace toute l’évolution d’une fille au statut de femme. En compétition.

Un travail graphique superbe

Alors que Sin City reste la quintessence de l’adaptation du roman graphique au cinéma, par sa fidélité mais également par sa manière de retranscrire la bande dessinée en mouvement, le Festival d’Annecy nous présente un digne descendant. Par un procédé qui allie découpage, 2D et 3D, Santiago Caicedo de Roux met en scène une bande dessinée animée. L’influence du roman graphique se ressent dans chaque plan, chaque détail, chaque dessin. Santiago Caicedo de Roux cherchait, comme Robert Rodriguez avant lui, à adapter la matière première sans la dénaturer. Il réussit le pari puisque Virus Tropical est un superbe mélange entre roman graphique et dessin animé. Dès son premier plan, appuyé d’une bande son pop rock roots superbe, le cinéaste pose le ton : une animation en apesanteur, presque un rêve éveillé. En noir et blanc, les ombres et les lumières mettent en relief les personnages et les décors. Jusque dans son dernier plan très nostalgique d’une page qui se tourne, d’une histoire qui se termine, Santiago Caicedo de Roux reste très mélancolique du temps qui passe et des marques qu’il laisse sur nos vies. 

Virus Tropical

Le Boyhood de l’animation 

Les longs métrages qui racontent l’adolescence sont légions. Lady Bird et Call me by your Name sont les derniers en dates et Boyhood reste un des plus percutants. Virus Tropical choisit le point de vue féminin et retrace l’évolution de Paola de sa naissance à son indépendance. On y voit les changements de perception du monde, l’arrivée de la sexualité et l’attirance pour les interdits, mais également l’aversion pour la représentation parentale.

Virus Tropical

Traitement classique, Santiago Caicedo de Roux n’oublie aucune étape mais les raconte avec une certaine subtilité. L’animation crée une forme de filtre avec les sujets plus sensibles et permet de parler librement de sexualité, de drogues et de relations familiales. Paola est entourée de femmes, et Virus Tropical met en avant les relations parfois houleuses entre sœurs ou entre mère et filles. Ouvert à la diversité, le long métrage parle également de religion, et de spiritualité, avant que l’esprit ne grandisse et ne s’en détache. On retiendra également les quelques touches d’humour, notamment dans l’utilisation des jouets façon Toy Story. Tout y passe : l’enfance avec des pleurs, des rires et des jouets, la perte de repère familiale, les déménagements, l’école et l’adolescence avec la drogue, le sexe et l’indépendance.

Virus Tropical offre certainement la meilleure bande originale des films en compétition. Avec un sujet sur l’adolescence traité façon Boyhood, et une animation très fidèle aux romans graphiques, Virus Tropical a ses chances dimanche.