Tout ce que vous vouliez savoir sur les prothèses avec « La Fabrique des corps » d’Héloïse Chochois

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La Fabrique des corps est la première BD d’Héloïse Chochois et le deuxième de la nouvelle collection de Delcourt Octopus. Cette fois-ci, nous allons nous intéresser à l’histoire des prothèses.

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La prise de conscience

Héloïse Chochois nous fait rentrer dans le sujet en suscitant dès le début l’empathie pour le héros, un gars ordinaire, auquel il est plutôt aisé de s’identifier. Du coup, avant même de parler de pose de prothèse, on se rend (un peu) compte du traumatisme pour quelqu’un qui en a besoin, en l’occurrence qui perd un membre. Notre héros a de la chance, c’est Ambroise Paré lui-même qui vient à sa rescousse.

Celui-ci commence par le début, à savoir : l’amputation. Hé oui, pas follement sexy au départ. Les différentes techniques et leurs évolutions sont expliquées (et montrées) point par point. Heureusement, le trait minimaliste, presque un peu naïf d’Héloïse Chochois nous aide à avaler la pilule en mettant de la distance avec le sujet traité. Pas de gore, mais de la précision scientifique, détaillée. Au final peu étonnant pour celle qui a une formation de Design d’Illustration Scientifique.

Réadaptation : apprivoiser pour pouvoir s’approprier (son « nouveau » corps)

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Un traumatisme, comme son nom l’indique, c’est violent. Physiquement, mais également psychologiquement. Cet aspect est également traité de manière appréciable, qui donne toute sa mesure aux petits pas dans ce genre de situation. Peurs, angoisses, essais, colère, avancées, déceptions, apprivoisement, et enfin, apaisement… Nous avons droit à toute la palette des émotions que traverse notre amputé. Certaines notions, telles que le fantôme, donnent lieu à d’autres explications.

Ainsi, nous apprenons pas à pas les mécanismes de la sensibilité et de la douleur, et leur utilité. C’est le moment plus technique de l’ouvrage : l’abondance soudaine de vocabulaire médical spécifique rend ce passage un peu plus complexe à suivre. Heureusement, nous sommes dans une BD. Les illustrations permettent, sinon de saisir toute la portée des explications, au moins de les suivre globalement. Si vous avez un peu de mal, cela ne met pas non plus en péril votre compréhension ni du reste de l’histoire, ni de la BD dans son ensemble.

Les prothèses : extensions ou « augmentations » de l’humain ?

Nous arrivons au cœur du sujet ! Et bien sûr, les prothèses ne sont pas une invention (si) récente ; mais on se rend compte qu’on a quand même fait un bon bout de chemin. Ceci non seulement dans la fabrication et le perfectionnement des prothèses, mais également en médecine de manière générale, qui nous permet d’éviter l’amputation dans un plus grand nombre de cas d’éviter l’amputation en premier lieu. Des premières prothèses mécaniques en bois aux recherches sur la réinnervation sélective, qui permettent de contrôler par exemple sa prothèse de bras via les muscles des pectoraux… (Oui, oui.) On en a fait du chemin ! Et, bien entendu, le champ des possibles reste ouvert. A quand des humains « augmentés » ? A moins que nous y soyons déjà rendus…

Le trait d’Héloïse Chochois est doux et agréable, son travail sur les couleurs nous plonge dans des univers différents, rythmant le récit et les différentes étapes par lesquelles passe le personnage. Le découpage et la progression du récit, la mise en avant de l’évolution du héros sont à saluer, d’autant plus pour un premier album. Un œil à garder pour cette jeune bédéiste et illustratrice (notamment via son blog), et l’autre pour la collection Octopus ! N’hésitez pas d’ailleurs à vous plonger dans notre entretien avec Erwan Surcouf sur le premier album « Mars Horizon » !