Critique « Negan » de Delcourt : l’enfance du mal de « Walking Dead »

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Avant la série, il y avait une BD. Voici un petit pas de côté dans le monde des zombies de Walking Dead avec cette série limitée proposée par Delcourt.

Tout avait si bien commencé…

Walking Dead est un phénomène de l’édition de comics. En dehors de Les Simpson, cette série est de loin le comics le plus vendu en France mais ce volume est à part. On découvre comment Negan est progressivement devenu le monstre qu’il est dans Walking Dead. Ce récit est réalisé par la même équipe artistique que la série principale : Robert Kirkman au scénario et Charlie Adlard comme illustrateur. Le style d’Adlard, un peu inachevé, donc sale et glauque, colle parfaitement à cette série monument de l’horreur. La colorisation en nuances de gris permet de représenter plus sans rentrer dans le gore et de laisser l’imagination du lecteur avoir peur.

Le visage du mal

Le début est original pour une bd américaine : Negan trompe sa femme mais elle le sait et l’accepte. Prof de sport, il fait des blagues humiliantes au dépend de ses élèves. Les médecins découvrent chez sa femme une tumeur et Negan décide de devenir un mari modèle aidant sa femme à chaque étape de son agonie. Il réussit jusqu’à ce qu’elle devienne un zombie au début de l’épidémie. Kirkman sait faire basculer un récit banal dans l’horreur en quelques cases muettes.

Negan est une personne tendre au début. Il s’en veut d’avoir tué des cadavres et ne peut tuer sa femme mais on voit des traces de ce qu’il sera. Il est déjà un obsédé : la vie est pour lui une quête de la baise et fait des blagues vulgaires.

Une plongée dans la psychologie d’un tueur

Devant survivre dans un monde devenu un enfer, Negan, comme le negative man (l’homme négatif), se transforme et devient progressivement un monstre. Il devient impitoyable en voyant ses compagnons de voyage mourir vite. Cet ancien amoureux a oublié son passé, comme une protection psychologique, ou le refuse en se présentant comme solitaire. Il trouve en chemin un groupe et s’y affirme en leader. Ce nouveau rôle lui débloque ses souvenirs et il retrouve alors son passé. Refusant le viol, il veut imposer sa morale. Parallèlement à ces changements de personnalité, le lecteur découvre aussi comment il a construit son arme : une batte de baseball entouré d’un fil barbelé qui devient son phallus symbolique. Le récit se termine par l’achèvement de cette arme dont le nom vient de sa femme, Lucille.

La faim dévorante

Negan et les autres

Le premier épisode de ce recueil retrace en différentes phases les changements de Negan. Ne vous fiez pas au titre trompeur car, comme l’explique la dernière de couverture, après un long épisode sur la brute à la batte, on trouve trois courts récits sur les origines d’autres personnages majeurs : Michonne, Tyrese et le Gouverneur.

Si vous voulez savoir comment la civilisation peut s’effondrer en quelques jours et faire d’un homme banal une brute, ce récit post-apocalyptique est idéal pour vous. Negan est un bon volume pour commencer la série. Il ne nécessite pas de tout connaître. Ce récit annexe distrayant reste dans le ton de la série.