Glénat poursuit la construction d’une nouvelle collection, Log-in. Depuis juin, nous pouvez désormais consulter Survival Geeks.
Perdus dans les dimensions
Sam, une femme fashion et victorieuse, drague Simon en fin de soirée dans un club. Le lendemain, elle se réveille dans son pire cauchemar, une colocation de trois geeks. Pire, Clive le génie de la bande a inventé un moyen de voyager dans les dimensions mais a perdu le chemin pour rentrer. Elle se retrouve forcée de cohabiter avec des fans de Doctor Who et des collectionneurs de figurines.
Chaque épisode se centre sur un nouveau monde que découvrent nos geeks. Comme ils le disent, c’est la version bd des séries tv Code Quantum, Cosmos 1999 ou Sliders. L’accident fait basculer la vie de quatre personnes très banales qui se retrouvent à affronter des monstres verts à tentacules mais aussi des menaces bien plus ridicules– il faut fuir des nains chevauchant des champignons. Nos héros maladroits retrouvent dans un monde steampunk un avatar du dernier colocataire absent, un surfeur dont la fille est amoureuse. Parfois, ces autres dimensions nous font réfléchir sur le nôtre par les inversions proposées : les femmes dominent, de petites souris habillées en soldats napoléoniens se sont débarrassés des hommes…Dans plusieurs mondes, ils espèrent réaliser leurs rêves mais, à chaque fois, il y a un problème qui fait fuir les quatre héros.
Dans le premier épisode, la naïveté de Sam face au voyage interdimensionnel est très bien vue – même enlevée par un dragon, elle n’y croit toujours pas et se moque du déguisement raté du chef barbare. La confrontation entre les idées snobs de Sam et les trois geeks est très drôle. Chaque colocataire est une version différente du geek : Clive est un scientifique froid, Rufus un fumeur de hash et Simon un gentil un peu décalé dans le monde réel. On sourit à chaque case sans se prendre la tête. Au fil des épisodes, les scénaristes nous en apprennent plus sur ces personnages étranges : Clive parle les langues imaginaires comme le klingon mais est incapable de parler d’autres langues réelles, Rufus, le plus drôle, est obsédé par les femmes et prêt à tester n’importe quelle drogue, Simon est jaloux car il est fou d’amour de Sam.
Extrait de la revue anglaise mythique 2000AD, ces histoires funs sont écrites par Gordon Rennie et Emma Beeby. Neil Googe permet par des couleurs vives et un dessin dans un style très cartoon de bien se marrer en suivant l’histoire.
A la quête de la référence cachée
On peut avoir deux lectures de cette chouette bd : une première pour s’amuser des péripéties de ces touristes interdimensionnels et une deuxième pour repérer toutes les références qui parsèment leur parcours. Les scénaristes s’amusent à ponctuer les dialogues de références à la SF, à l’heroic fantasy ou à la BD – on parle de Tolkien, Xena, Star Trek, Star Wars… Loin de canaliser cette profusion de blagues, le dessinateur rajoute des allusions visuelles dès le premier épisode dans la chambre de Simon puis cela ne s’arrête plus – une courtisane Elektra, une rebelle spéciste Leia, le masque de vendredi 13, un sabre cosmocats… le lecteur devient un chasseur au trésor à la quête des références. Pour tout comprendre, il faut parfois faire chauffer Google – mais qui est Milton Keynes ? sur une case, Rennie et Beeby listent les pires scénarios d’apocalypse listés – le capitaine Kirk est dans Star Wars, le Royaume-Uni est dirigé par un gouvernement d’alliance entre tous les partis anglais. Ce sont ces passages qui nous font bien comprendre que les épisodes viennent d’une revue britannique.
En conclusion, Survival Geek est une lecture fun pour l’été. Si vous ne voulez pas vous prendre la tête mais bien rire sur la plage, ce comics est fait pour vous. Pour les fans de la série Big Bang Theory, c’est un bagage indispensable pour l’été.