Critique « Communistes ! » de Pascal Thivillon : la lutte de l’intérieur

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En cette période de fête de l’Humanité, Glénat nous offre une plongée dans l’enfance de la lutte avec Communistes !.

Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents communistes

Par cette paraphrase du titre d’un film, on comprend tout à fait le thème de cet ouvrage. Il s’agit du récit autobiographique de l’enfance de l’auteur avec des parents militants communistes. En effet, le scénario et le dessin sont l’œuvre d’un seul homme, Pascal Thivillon (Hors-Monde). Chaque chapitre est centré autour du souvenir d’une action. L’auteur met en avant le regard innocent de l’enfant qu’il était vivant le quotidien du fils de militants (la réunion de section enfumée et débattue, les manifs…). Le petit Thivillon trouve tout cela normal même le plus étrange, le collage des affiches la nuit. Il a un regard juste et tendre qui montre aussi parfois le rapport ambigu du PCF avec l’URSS. Le texte de l’auteur reconstruit son passé d’une manière presque sociologique : le choc de 1968 pour ses parents, son origine sociale, sa formation politique par le père, le sentiment fort de communauté dans le parti… Au-delà de la vie politique, Communistes ! est aussi un récit familial. Thivillon raconte sa vie dans un HLM de Villeurbanne avec son frère aîné, une mère institutrice et un père serrurier.

Des couleurs revendicatricesLe style graphique de Thivillon correspond parfaitement à ce sujet à la fois réaliste et enfantin avec un dessin tout en rondeurs. De plus, il a choisi de tout représenter en gris avec des pointes de rouge pour les drapeaux ou les livres de Marx. Dans un ensemble classique, des éclairs d’invention illuminent le récit : le trajet en voiture où les panneaux publicitaires sont remplacés par des slogans de 68 pour montrer que la vision du monde par ses parents s’est ouverte par cette révolte.

C’était mieux avant

Thivillon transmet une nostalgie pour cette période révolue : la 2CV, les bouteilles consignées à rapporter au supermarché, le duplicateur à alcool pour faire les photocopies… On sent presque l’odeur de cette période. On est parfois dans l’ostalgie, nostalgie du communiste comme dans Goodbye Lenin, de cet idéal communautaire disparu aujourd’hui. On retrouve la vente de muguets et la manifestation massive du 1er mai. Ce regard tendre manque parfois de recul en oubliant les aspects sombres du communisme.

Le concert obligatoire des choeurs de l'armée rouge

Glénat nous propose une édition de qualité en incluant à la fin une page de photos de famille et de souvenirs, un badge et une pièce d’un franc.

Communistes ! est un bel hommage à ses parents. Le lecteur vit au milieu de ces deux utopistes passionnés tout en constatant l’échec de ce rêve.