Critique « Les Petits Riens » tome 8 de Lewis Trondheim : un grand carnet intime

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Lewis Trondheim vient de sortir le huitième volume de sa série des Petits riens publié chez Shampooing par Delcourt.  L’auteur de Donjon et de Lapinot arrive-t-il avec ce huitième tome au bout de son inspiration ?

 

Un carnet de notes

Trondheim est très productif cette année puisqu’il vient également de sortir le onzième volume des aventures de Ralph Azham et quelques mois auparavant une nouvelle aventure de Lapinot. Tous les personnages ont un visage d’animal comme dans ses autres séries. Les Petits Riens sont un peu à part dans l’œuvre de Trondheim. Il ne s’agit pas d’un récit complet et imaginaire mais un carnet rassemblant des anecdotes autobiographiques ou des illustrations de lieux visités par l’auteur. Les Petits Riens sont un résumé annuel des impressions ou une libre inspiration du moment. Trondheim met en lumière l’étrangeté du quotidien – l’invention par hasard du camembert au citron. Le dessin est à l’image de ses idées. Il est inachevé. Les traits du dessinateur sont moins ronds et plus nombreux que dans ses autres séries. On a l’impression de lire un croquis pris sur le vif pour garder en mémoire un moment important.

Le passé à revisiter

 

Un livre de voyage

Les Petits Riens sont aussi un calendrier des saisons et surtout des voyages de Trondheim : Varsovie, la Suisse, la Colombie, Angoulême, le Comicon de San Diego… De ces voyages, Trondheim nous rapporte des anecdotes exotiques, des illustrations de paysages mais aussi des informations – à La Réunion certains propriétaires laissent volontairement à l’abandon des cases anciennes pour reconstruire à neuf. Les randonnées et déambulations sont nombreuses dans ce volume. On a l’impression de voir l’auteur faire sa bd juste après dans le coin de la rue. L’édition de ce livre est totalement adaptée à son contenu. C’est un livre au petit format comme un cahier de croquis.

 

Un récit intime

Promenade en BD

Dans ce chaos exponentiel qui peut faire peur, le contenu émeut davantage le lecteur qu’il ne bouscule la géopolitique contemporaine. Les histoires plus touchantes sont celles sur sa famille et sa vie. On découvre le quotidien d’un artiste de BD – il tente d’avancer dans les allées encombrées des conventions et fait des recherches sur les boucheries en Irak. On pénètre dans l’atelier de Trondheim avec sa femme.

L’auteur se met en scène comme une personne distraite et maladroite plutôt qu’un comique. L’épisode où il se met au golf en est encore plus drôle. Il joue souvent au touriste candide et se moque de son hypocondrie. Certaines anecdotes en font parfois un « vieux con » dépassé comme son expérience malheureuse en parapente. D’ailleurs les histoires parlent souvent de la vieillesse. Le lecteur pénètre la vie privée mais est-ce si autobiographique ?

Une fois refermé ce petit cahier d’impression, le lecteur a souri, a découvert des lieux parfois lointains… Il a l’impression de mieux connaître Lewis Trondheim puis, en levant la tête, il voit alors le quotidien avec un regard neuf, plus aiguisé.