« 18 Brumaire » de Soleil : l’histoire en marche

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Après le western, JustFocus s’intéresse à un autre genre très populaire en France, les aventures historiques à travers 18 Brumaire, premier volume d’une nouvelle série, publié par Soleil.

Ces journées qui ont marqué la France

Ce volume inaugure en effet la collection Révolutions quand l’histoire de France a basculé. Chaque volume racontera une journée où l’histoire de France a été bouleversée. Jean Pierre Pécau est au scénario de l’ensemble des premiers volumes. Chaque volume sera dessiné par un artiste différent.Ce volume sur la prise du pouvoir de Napoléon est l’œuvre d’Antonio Marinetti. Cet artiste a un style hyper classique et techniquement très beau. Ce dessin réaliste est très adapté à cette histoire. En parcourant les pages, on peut admirer la Place des Vosges en 1799. C’est un réel plaisir de voir des lieux connus dans un passé lointain. Marinetti crée du dynamisme dans son dessin comme le sang ou les armes qui sortent des cases. On peut cependant regretter que les cases soient un peu trop petites et que son trait manque un peu de personnalité.

Un tireur d'élite royaliste

Une leçon d’histoire

Ce premier volume nous permet de découvrir la situation catastrophique de la France à la fin du Directoire. Des brigands dirigés par la fille du noble déchu pullulent dans les forêts et attaquent ici une calèche. Les fermiers généraux qui prélèvent les impôts pour l’État sont corrompus. Tout va mal pour tout le monde sauf pour les puissants. Chacun est sûr que le régime tombera très vite et veut en profiter.

18 Brumaire permet de suivre l’ascension irrésistible de Bonaparte. Les Directeurs de l’ancien régime politique, le Directoire, n’arrivent plus à l’arrêter. Deux personnages-clés de ce régime s’opposent sur la situation du jeune général : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord veut profiter de ce militaire pour renforcer son pouvoir… et sa richesse alors que Joseph Fouchet veut l’empêcher d’arriver au pouvoir. Ces deux camps d’intrigants espèrent que la fin du Directoire se fera à leur profit. D’une manière assez originale, Bonaparte n’est pas au centre de l’histoire. On retrouvera tous les éléments de la préparation d’un coup d’état mais ce sont les tentatives d’assassinat par Fouchet qui rendent l’histoire prenante.

Un républicain choqué par la dégradation de la France

Tellement mieux qu’un cours

Cette œuvre de commande choisit un angle original et le scénario est irréprochable. Ce volume offre en effet une double lecture. En dehors des personnages historiques réels, on suit un tireur d’élite noble déchu soutenu par Fouchet et un soldat, fils de paysans, qui revient de la campagne d’Égypte et découvre son pays ruiné. Il semble souffrir d’un syndrome post-traumatique. Chacun est soutenu par un puissant patron. L’ancien militaire républicain rejoint le camp du noble Talleyrand alors que le noble déchu espère retrouver son prestige en aidant Fouchet. Chacun représente les deux faces des déçus du Directoire. Le lecteur a parfois du mal à visuellement différencier les deux. Est-ce une volonté de l’auteur ou une maladresse du dessinateur ?  Il n’y a donc pas seulement des intrigues de pouvoir mais 18 Brumaire est aussi le récit d’une vengeance familiale.

18 Brumaire est donc un volume très plaisant à lire même s’il présente une vision très négative de la politique. Tous les puissants sont des pourris et les hommes politiques n’en ont rien à faire du peuple. Était-ce si simple ? Après le 18 Brumaire, les lecteurs auront la chance de découvrir des histoires sur 1940 puis 1358.