De retour au manoir de Locke & Key pour l’âge d’or

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Après la trahison de la série télé, les deux auteurs de la bd Locke & Key reviennent aux fondations de Keyhouse en proposant des épisodes inédits dans L’âge d’or mais cette extension est-elle uniquement destinée aux fans ? Lisez notre chronique pour le découvrir.

Cinq sur un

Une maison effrayante dans Locke & Key

Comme le dit le scénariste dans l’introduction, il est inutile d’avoir lu les épisodes précédents pour découvrir L’âge d’or. Le livre s’ouvre sur une très utile introduction pour les néophytes où le scénariste Joe Hill donne les clés principales de compréhension de Locke & Key. Ce volume est même parfait pour commencer. Il rassemble cinq nouvelles inédites de tailles différentes :

  • Modèle réduit est une distrayante introduction pour présenter le concept et la famille
  • Décrocher la lune est une déchirante histoire d’amour paternel
  • La musique adoucit les mœurs sur Première Guerre mondiale
  • … En pâles bataillons… sur un sanglant foxtrot de quatre pages
  • Locke & Key/ Sandman: Train d’enfer où une Locke voyage dans l’univers de la série Sandman pour sauver un membre de sa famille

Cette liste pourrait faire croire qu’il s’agit d’une suite d’histoires sans lien. Cependant, L’âge d’or suit la même génération de Locke un siècle avant la série principale : le père Chamberlin Morse Walton Locke, la mère Fiona Ingrid, les filles Mary Brigid et cadette Jean Thompson, les garçon John Tyler et Ian Ulysses. Ils vivent avec le frère métisse de Chamberlin, Harland Benjamin. Chacun a un caractère différent. Le père tient la barre malgré les bourrasques de drames se fracassant à Keyhouse et son épouse recherche la noblesse. John, le fils cadet, est machiavélique, jeune mais courageux, Mary intelligente, Ian très cultivé et curieux mais fragile en raison de son épilepsie. On les retrouve à différents âges de leur vie sur la magnifique couverture de Gabriel Rodriguez rehaussée par le lettrage doré superbe.

Deux pour tout

Fait assez rare dans l’industrie américaine, la même équipe créative se charge de l’ensemble de la série depuis le premier épisode avec le scénariste Joe Hill, le dessinateur Gabriel Rodriguez et le coloriste Jay Fotos. La partie graphique est parfaite. Chaque case est extrêmement détaillée ce qui n’est pas fréquent en comics compte-tenu des délais courts. Mais, grâce aux succès du comics – et des royalties de Netflix – le dessinateur a pris le temps. En effet, Locke & Key, L’âge d’or est une compilation d’épisodes réalisée entre 2011 et 2021. Le dessinateur chilien sait organiser les cases pour créer une lecture fluide et donner du rythme. Il saisit différentes émotions et joue avec les échelles. L’éditeur HiComics propose également en bonus l’ensemble des couvertures dont les variantes du crossover Locke & Key/ Sandman par d’autres artistes.

Ces épisodes sont l’occasion de retrouver l’ambiance de la série originelle mais des nouvelles clés apparaissent dans le manoir Keyhouse. Une clé sur une maison de poupée permet de voir ce que chacun fait sur la résidence et d’intervenir sur les pièces. Une clé allumette met littéralement le feu tandis qu’une clé de boîte à lettres permet de lire des courriers jamais envoyés.Une touchante nouvelle dans dans Locke & Key

Une maison et une nation

Si la série principale se situait dans le passé très proche de la présidence Obama, c’est le passé plus ancien qui est mis en lumière dans ce volume. La série devient une allégorie de l’Amérique comme le prouve le titre : L’âge d’or est celui de la montée en puissance d’un pays. Keyhouse représente les Etats-Unis et tous les secrets de Keyhouse correspondent aux parties cachées de l’histoire américaine. La série est assez sombre sur le futur de la famille et du pays. Le père représente les idéaux de la nouvelle nation mais les enfants sont plus sadiques. Dans la deuxième nouvelle, les cow-boys ne vivent plus la conquête de l’Ouest mais se regardent au cinéma. On passe des États-Unis à la Belgique en voyant la Première Guerre mondiale du côté allemand. Le Japon bascule dans la modernité avec la mort de l’empereur Meiji.

Locke & Key, L’âge d’or est bien loin d’un bonus accessoire car, avec Décrocher la lune, il propose la meilleure nouvelle de l’univers Locke & Key. C’est aussi une bonne porte d’entrée de la série en montrant une nouvelle famille par deux artistes au sommet de leur art. Joe Hill sait manier l’action, l’horreur et l’humour mais sans cynisme. Le dessinateur et cocréateur Gabriel Rodriguez offre à chaque page une lecture fluide et détaillée.

Vous pouvez retrouver sur notre site d’autres chroniques sur des bd d’horreur avec The Witcher et The Plot.