Le présent vous ennuie, et si vous alliez dans le futur ? C’est ce que propose Fallen World, le dernier récit complet de Bliss éditions avec entre autres Rai et Bloodshot.
Le monde d’après n’est pas glorieux
Les premières pages introductives par Juan José Ryp replacent ce récit dans la continuité du futur de Valiant comics. Rai était le gardien d’une cité spatiale Neo-Tokyo mais cet androïde a compris que ce monde n’était qu’une mascarade dissimulant une dictature dirigée par une intelligence artificielle, Père. Choisissant la voie de la révolte, il a tué Père provoquant la chute de Neo-Tokyo sur une terre ravagée par une catastrophe nucléaire. Dans ce monde radicalement nouveau, Rai va faire des choix surprenants et devra prendre des responsabilités pour sauver les survivants de la ville spatiale mais aussi les terriens.
Le retour de Rai
Ce volume voit le grand retour de Rai depuis la série de Matt Kindt et Clayton Crain entre 2016 et 2017. Les deux volumes sont d’ailleurs disponibles depuis la réédition du tome deux. Le scénario de ces nouvelles aventures est de Dan Abnett (Gardiens de la galaxie, Aquaman). Ce scénariste britannique a marqué Marvel en changeant la partie cosmique de l’univers partagée et ses scénarios ont fortement inspiré les films des Gardiens de la galaxie. Avec l’arrivée sur Terre, le récit de science-fiction est bien plus orienté vers le post-apocalypse.
Le seul secteur viable sur Terre est dirigé par Rai qui doit gérer de multiples problèmes pour assurer la survie de la cité. Ce rôle est déjà compliqué mais cela devient presque insoluble, Rai refuse la violence. De plus, il ne veut être qu’un conseiller et non un chef. De plus, les habitants ne forment par un groupe uni, mais des tensions internes issues de l’ancienne société persistent. Rai craint également toute technologie pouvant faire revenir Père et il a bien raison car cette I.A. va trouver un corps artificiel pour réapparaître alors que son fils androïde Raijin sort de son sommeil.
Même s’il s’agit avant tout d’une série d’action fun, tout un élément psychologique apparaît alors avec Père, son fils pacifiste Rai et son enfant maléfique Raijin, mais aussi une mère War Mother. Ce récit est également une attaque contre les organisations religieuses. Dès le début, deux fidèles de l’Église déchue découvrent la vérité sur Neo-Tokyo et Père. Leur religion repose donc sur un mensonge. L’un des deux ne supportera pas cette révélation.
Le retour de Valiant
Avec Fallen World, le plaisir d’un univers partagé enfin retrouvé après plusieurs récits se concentrant sur un(e) seule(e) personnage. Dans d’autres ruines de la cité aérienne, Un Bloodshot du futur vient aider les survivants de la chute de Neo-Tokyo incapables de se débrouiller seuls. Rencontré dans Bloodshot Salvation, il ne reste de son corps que sa tête blanche alors que tout le reste a été reconstitué par les nanites rouges. En plus de Bloodshot et de Rai, on croise au fil des aventures le Guerrier éternel s’occupant de la jeune géomancienne Karana et War Mother. Le scénariste rassemble brillamment en un volume donc les différentes séries de science-fiction de l’éditeur, et unifie les différentes visions du futur. Commençant comme une série solo sur un héros, l’action prend de l’ampleur et suit un groupe.
Fallen World est une lecture très rafraîchissante également par le dessin d’Adam Pollina. Non seulement le design des vaisseaux est très différent, mais surtout il propose représentation nouvelle des corps dans les comics de super-héros. Loin de corps massifs de culturistes, ses personnages ont des corps très allongés et fin. Pollina propose une version très colorée d’un futur pourtant désastreux. Les pages introductives de Juan José Ryp sont aussi très belles avec des armures japonaises moyenâgeuses revisitées. Si le Japon est toujours l’inspiration principale (des samouraïs argent et or menacent la ville de Rai), le récit joue à plein sur le syncrétisme post apocalyptique. En effet, des cultures très différentes se mélangent comme des mutants ressemblant à des dieux hindouïstes, un chariot mongol luttant contre une cité volante. On retrouve comme toujours avec cet éditeur de bonus complet en fin de volume, avec les très nombreux croquis et quelques couvertures alternatives.
Dans Fallen World, Dan Abnett propose un excellent récit d’action avec un sous-texte psychanalytique intéressant. Même si tout n’est pas résolu à la fin de ce volume, il constitue un excellent lancement de série en espérant que Valiant publiera bientôt une suite aux États-Unis.
Vous pouvez retrouver un guide de l’univers Valiant sur ce lien ainsi que la chronique du récit complet consacrée à War Mother.