Exposition Velazquez au Grand Palais

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Le Grand Palais ouvre ses portes à l’Exposition Velazquez. Ce peintre du siècle d’Or espagnol est une référence dans l’histoire de l’art et son influence sur ces contemporains et les siècles à venir fut importante.

Principal maître de la peinture baroque espagnol, Diego Velázquez est un peintre originaire de Séville. A la croisée des mondes et des influences, la ville lui procure bon nombre d’opportunités. A 12 ans, il entre très jeune dans l’atelier de Pacheco. Ce peintre, aussi théoricien, lui permettra de fréquenter l’élite et de travailler aux côtés d’autres artistes comme Alonso Cano et Francisco Lopez Caro.
Il est rapidement reçu dans la corporation des peintres et finit par épouser la fille de son maître, Juana Pacheco. En 1622, il approche la cour à Madrid et commence à faire parler de lui. Il découvre l’influence du Caravage chez les peintres de cour et rêve d’Italie.
C’est un an plus tard, grâce au comte d’Olivares, qu’il a l’opportunité de rencontrer le roi. Réussite, il devient son peintre et commence pour lui une carrière de portraitiste de cour. Son style va évoluer au contact de ses confrères très en concurrence à l’époque. Il rencontre Rubens quelques années plus tard qui obtiendra pour lui l’autorisation d’un premier voyage en Italie. C’est un émerveillement et une opportunité d’enrichir son art, de se confronter aux antiques et à la peinture d’histoire.
A son retour en Espagne, l’infant du trône est né et Velázquez s’occupe de produire de nombreux tableaux de Baltasar Carlos enfant, jusqu’à sa mort. Portraitiste de la famille royale, mais aussi de la cour (du simple bouffon au noble le plus élevé), sa réputation l’emmènera jusqu’à Rome pour immortaliser le Pape. Il aura aussi pour mission de rapporter des objets d’art et de recruter des artistes à la cour de Madrid.
Il est au sommet de son ascension à son retour et son influence commence à se diffuser autant auprès de ses contemporains que de ses apprentis. Velázquez a en effet son propre atelier dont fait parti Juan Bautista Martinez del Mazo, son élève le plus fidèle, mais aussi son gendre. Il fut aussi professeur de dessin du jeune Baltasar Carlos. Plus qu’un collaborateur, il participa lui aussi à la réputation du style de Velázquez. Mais ceux qu’on appelle los Velazqueños ne s’approprieront la peinture du maître que le temps de leur propre ascension, dérivant ensuite vers d’autres influences venant des Flandres.

C’est une histoire chargée que tente de nous raconter le Grand Palais dans cette première rétrospective autour de l’oeuvre de Velázquez. Un événement en France qui a pour but de mettre en lumière le génie de ce peintre du siècle d’Or espagnol. La scénographie est simple, sobre. Une humilité faisant d’autant plus ressortir la magnificence des pièces.

L’exposition est complète et retrace largement la carrière de Velázquez qui est valorisée grâce à la présence de tableaux de ses contemporains. Quelques études comparatives permettent de comprendre le processus de création de l’époque, les connexions entre chaque peintre et la façon dont les artistes s’inspiraient mutuellement. Véritable jeu de cour et de pouvoir, les rivalités créaient aussi une émulation remarquable, leur permettant de s’enrichir. Dans ce paysage, Velázquez apparaît clairement comme un chef de file : il est le plus accompli et sa carrière bénéficie d’un prestige et d’une belle reconnaissance royale.

Le Grand Palais nous donne a voir bon nombre d’œuvres merveilleuses, rares, parfois redécouvertes à l’occasion de cette exposition. Il y a quelques doutes sur l’appartenance de certaines pièces, mais toutes sont véritablement admirables. A noté la présence de l’Education de la Vierge, récemment attribuée à Velázquez mais endommagée. On est heureux de pouvoir contempler les portraits de la famille royale qui place le peintre comme témoin de cette époque glorieuse. On admire avec plaisir La Forge de Vulcain, La Venus au Miroir, Le portait de l’infant Baltasar Carlos sur son poney, Sainte Rufine, Démocrite, Le portrait du pape Innocent X, l’Infante Marguerite en bleu…ces tableaux en pied qui inspireront Manet des siècles plus tard… Le portrait d’une nain avec un chien, autre oeuvre célèbre qui traversera le temps.

Cependant, les Ménines restent le grand absent de cette exposition. Au fur et à mesure que l’on progresse, on espère l’apercevoir jusqu’à la dernière salle qui montre en apothéose un tableau inachevé d’un cheval ayant sûrement servi de prototype pour des portraits équestres (pâle lot de consolation), entouré de deux autoportraits de Velázquez. Tout est mise en place pour nous conduire aux Ménines et nous n’en verrons qu’une esquisse par Martinez del Mazo et une vidéo analytique. L’explication de l’absence du tableau n’est pas liée à sa fragilité ou au coût de son voyage, aux problèmes d’assurance, ni aux risques indéniables que suscite son déplacement. Le Grand Palais justifie son choix en définissant les Ménines comme un monument espagnol qui ne doit pas quitter le lieu qui l’a vu naître : Madrid et son écrin qu’est le Prado. Joli subterfuge pour nous inciter à voyager.

On reste un peu sur sa faim et on ressent une émotion mitigée en sortant, mais on ne peut nier la chance immense qui nous ait donné de voir autant d’œuvres de Velázquez, et du monde entier, réunies à Paris. Un événement rare et unique donc à ne pas manquer.